Howard Tate "Rediscovered"

Il paraît qu'Howard Tate est une légende vivante de la Soul... M'enfin je suis bien obligé de reconnaître, que malgré mon amour pour cette musique, je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à la fin d'année 2003. Un come back discographique après 30 ans d'absence annoncé avec trémolos dans la voix par la presse spécialisée. Un concert en novembre 2003 au New Morning présenté comme LE concert où il fallait être. La ferveur autour de ce retour me laissait dubitatif genre "mais c'est qui c'est Howard Tate?" d'autant que l'article de Sebastian Danchin dans son encyclopédie du Rhythm&Blues et de la Soul était relativement court.

Par Edouard.

   
   

 

   
   

Bon et alors? C'est mon disquaire préféré qui m'a convaincu avec une réponse : "Howard Tate, Oh la la, pffouuuuuuu..." Et c'est effectivement très réussi. Plaçons d'emblée le genre de Soul d'Howard Tate. Il ne s'agit pas d'une Soul rapide et dynamique à la Stax, ni funky à violons façon Al Green mais d'une Soul sudiste lente et fervente. On est beaucoup plus proche d'OV Wright que d'Otis Redding.

"Rediscovered" ("Redécouvert" puisque je vous dis que c'est un come back inespéré!) est tout en mid tempo, climat feutré et intimiste. L'influence gospel y est omniprésente. L'orchestration à l'ancienne (montées de cuivres, clavier faisant office de basse, et guitare en contre point) est superbe. Ici pas de production moderne ou pourrie, pas d'effets, pas de synthés, c'est du cousu main par le pianiste/producteur/compositeur Jerry Ragovoy. Là encore, j'avoue mon ignorance Jerry Ragovoy était le producteur attitré d'Howard Tate dans les années 60. Il s'agit donc là de la redécouverte d'une des grandes voix de la Soul et de son mentor.

L'album commence par "Mama was right" une superbe composition de Jerry Ragovoy. Introduction au piano puis la voix de Howard Tate entame le premier couplet, ponctuation par les cuivres, second couplet, cuivres et guitare en soutien et sur le refrain on (re)découvre une voix haut perchée à falsetto. Superbe. Les titres, tous du même calibre croyez moi, et qu'une seule reprise "Kiss" de Prince, s'enchaînent magnifiquement. Je retiendrai plus particulièrement "Sorry wrong number" où la tristesse d'Howard Tate est palpable; "Don't compromise yourself" ce qu'il a parfaitement réussi en ne cédant pas aux sirènes de la facilité R&B (Areunbi), ou encore le légèrement funky "she may be white". Le disque se termine par un simplissime duo voix/piano, Howard Tate/Jerry Ragovoy, intitulé "Get it while you can".

Beau tout simplement.

Howard Tate "Rediscovered" - Private Music / BMG - 2003