THE ROLLING STONES – "A Bigger Bang"

Pour détrôner Little Milton et son magnifique "Think of me", il fallait du costaud et du sérieux. Ce sont les Stones qui s'y collent. Sorti dans l'anonymat de l'été 2005 (un nouveau Stones n'a rien de très excitant depuis longtemps), quelques échos flottent cependant : "c'est un bon cru". Ok, ok, on vérifiera et puis on oublie.

Jusqu'à ce mois de décembre 2005, on vadrouille ici et là pour faire ses petits cadeaux de Noël et au détour d'une allée ces vieux machins sont en écoute. Posons le casque et écoutons.

Par Edouard

   
   

 

   
   

Un sale bruit comme un jack pourri qu'on branche sur une gratte désaccordée puis 1, 2 accords et c'est parti pour une première cavalcade Rock'N'Rollienne et Stonienne. C'est "Rough justice". Les riffs, marque de fabrication de la maison Richards, sont là, déposés en couche, et vous accrochent l'oreille comme pas deux. D'autant plus que quelques glissendo de slide surnagent par-dessus les strates de télécaster. Entrée en matière façon uppercut au menton. Les apprentis rockeurs à guitare des années 2000 vont se rhabiller.

Second morceau, aussi excellent, les guitares sont toujours là. Ca joue simple mais efficace. On apprécie le Mick nous chantant "Let me down slow" (vous chanterez aussi les "Baby, baby, let me…"). Puis arrive "It won't take long (to forget you)". Désormais nouveau classique hargneux à hisser aux cotés de "Brown Sugar".
Après 3 morceaux rock, nos vieux brigands nous font le coup dans l'ordre : 1) du bon vieux funk pour dance-floor avec "Rain fall down"; 2) de la ballade qui tue pour les radios avec "Streets of love"; 3) du blues caution morale "Back of my hand". Tous très bons.
Quelques titres plus loin, "Biggest mistake" est un nouveau tube stonien qui ne dépaillerait pas sur n'importe quel album de 1968, 1969 ou 1971 (au choix).
Après avoir balancé leurs vieilles copines lors du troisième titre (Remenber : "ça ne prendra pas longtemps pour t'oublier"), nos amis essaient de recoller les morceaux avec une superbe ballade romantique à guitares sèches "This place is empty". C'est ce cœur d'artichaut de Keith qui croasse superbement ces paroles : "cet endroit est vide, si vide sans toi".

La cavalcade du début reprend sur "Oh no not you again" et "Dangerous beauty".
Le très sombre "Laugh I nearly died" est également un must. On ne rappellera jamais assez que Mick Jagger est le plus grand chanteur de Rock que la terre n'ait jamais porté. On peut le trouver insupportable, pingre, imbécile, arrogant et tête à claques. N'empêche qu'il n'a jamais aussi bien chanté. Souffrance et Douleur sont palpables dans sa voix.
Sur "Sweet neo-con", Mick s'en prend directement à George Bush, n'y va pas par quatre chemin ("I Think that you're a crock of shit") et les Stones se refont une conscience politique.
"Look what the cat dragged in" est encore une belle réussite grâce à son rythme syncopé et "Driving too fast" comme son titre l'indique est bien speedé. Enfin une bizarrerie "Infamy" chantée par Keith Richards clôture l'album.

Le sticker sur le CD indiquait "Meilleur album depuis Some Girls" (Rock&Folk), "Eternels Rolling Stones" (Le Monde), "Les Rolling Stones demeurent la flamboyante incarnation d'un Rock'N'Roll qui défie le temps" (Libération). Je propose d'y ajouter une ligne :
"Je suis d'accord". (Edouard de Métablues).

THE ROLLING STONES – A Bigger Bang – 2005 – Virgin