Au
rayon émotion et feeling, ce n’est rien à
coté de ce live enregistré en 2000 à
l’Olympia. D’accord il s’agit d’un
DVD : dans la rubrique disque du mois, ça fait tache,
mais la version limitée de ce DVD fournit en «
bonus » la version CD du concert, qui n’a que
peu de choses à envier au DVD un peu statique (et
oui Ray Charles c’est pas Axl Rose !).
Bien entendu, cet enregistrement
date de novembre 2000, et pour avoir vu Ray Charles la même
année en juillet à Cognac, on ne peut pas
dire qu’il y avait de grandes choses à attendre
de ce concert parisien. Mais cela eut été
le cas si le transport aérien portugais ne s’était
pas mis en grève au même moment ! En effet,
à quelques heures du début de ce concert,
seuls Ray Charles ainsi que sa rythmique (basse/guitare/batterie)
ont pu rejoindre notre capitale. L’encombrant Big
Band et les Raelettes sont coincés au bord de la
mer, et Ray Charles se lance sur scène accompagné
de son trio. Le résultat : un concert de 71 min avec
Brother Ray omniprésent tant au piano qu’au
chant, qui prouve avec simplicité et sincérité,
un talent que l’on ne croyait plus retrouver chez
cet artiste.
Réarrangés à
la dernière minute pour un trio, les morceaux interprétés
s’articulent entre jazz et l’un de ses premiers
amours : le blues. D’inévitables succès
sont de la partie : Hallelujah I love her so, Georgia on
my mind ou What’d I say, mais ce qui est essentiel
à ce concert, c’est la liberté et la
place à l’impro que laissent la formule en
quatuor. Ainsi le travail piano du maître prend une
toute autre mesure (ça change forcément quand
on n’a pas 20 musiciens derrière), de même
que l’improvisation et la direction du concert. Ray
Charles se promène sur ses touches, s’éclate
au chant et prouve qu’à 70 ans il est encore
le Genius.
La section rythmique tient largement
sa place d’accompagnateur de haut rang, même
si le blues en smoking, c’est pas toujours évident,
même quand on connaît son biniou…
Troisième acteur indispensable
de ce concert : le public ! Sans doute un peu surpris de
ne trouver qu’un piano sur la scène du mythique
théâtre parisien, celui-ci assiste médusé
à la prestation du génie retrouvé,
et n’hésite pas à entrer en transe sur
I’ve got a woman ou remplacer sans démériter
les Raelettes sur What’d I say ! Ray Charles le sent
et s’en amuse (Just for a Thrill, It had to be you…).
Un grand concert unique qui réconciliera tout amateur
du Genius avec ses dernières prestations «
live » fort peu convaincantes.
Ce soir là, Ray Charles et
son trio « ont fait ce qu’ils ont pu »
! C’est Ray qui le dit !
Ray Charles – At the Olympia
– XIII bis records 2004
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