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Certes,
à la première écoute, il n'y a rien
de fracassant, de renversant ou de neuf. Je n'ai pas poussé
des beuglements de plaisir à la Bobby Blue Bland,
je vous le concède.
Mais après plusieurs écoutes, quelle heureuse
découverte! Quel enthousiasme!
Il y a des disques comme ça… (J'ai même
une théorie très sérieuse et non encore
déposée à l'INPI sur le sujet. Il y
a des disques qui vous atomisent dés la première
note et puis qui font pfuuiiittt comme un pétard
mouillé quand on les réécoute avec
du recul. C'est ceux qu'on échange avec les vieux
potes : "tu verras, il est michto". Il y a aussi
beaucoup de disques qui sont à chier dés le
départ. Il faut que les choses soient dites. Il y
a aussi des disques qui sont bons et qui le demeurent. Ma
collection de CDs par exemple. Et puis il y a ceux qui,
mine de rien, font leur trou et s'imposent ensuite comme
des évidences.)
"Partners in the Blues"
est à ranger dans cette dernière catégorie
(j'aime coller des étiquettes).
Découvert absolument par hasard lors du dernier "Spring
Blues Festival" d'Ecaussinnes, je redoutais un vieux
poussiéreux sur le retour (Jackie Payne – 15
ans lead singer chez Johnny Otis) et un jeune pédant
pyrotechnique (Steve Edmonson – guitariste de son
état). Et ce fut tout l'inverse. Un show formidable
si bien que je me ruais sur le CD en vente à la fin
du concert (17 Eur). Et comme dit au début de cette
chronique, je ne fus pas renversé lors de ma première
écoute. Mais maintenant je me régale tous
les jours. Matin, midi et soir. Je n'écoute même
plus "On refait le match", c'est dire.
Il s'agit là d'un album réalisé
par deux maîtres artisans du Rhythm&Blues. Tout
est taillé, ciselé amoureusement et doré
à l'or fin. Steve Edmosnon se révèle
être un guitariste fin, précis et économe.
Il n'en met pas partout, balance des solos ou des phrases
concises. Ecoutez ses interventions impeccables sur "Close
to you".
Jackie Payne est un formidable chanteur, reprenant allégrement
"That how strong my love is" ou faisant passer
Aaron Neville pour un débutant sur "Tell it
like it is" (et Don Johnson pour un gros Mickey oui
mais avec un gros flingue). Du velours.
Soutenus par un orchestre complet (cuivres, piano) et Rusty
Zinn aux claquettes (ou aux maracas je ne sais plus), ils
abordent un répertoire Soul et Blues varié
et qui a l'énorme avantage de ne pas être hyper
rabattu. J'apprécie tout particulièrement
l'enchaînement du rapide "The devil's hand"
et du déprimant "Monday morning comin' down"
et son leitmotiv "I need an another shot of whisky"…
Enfin je vous laisse découvrir
le tout. Et vous verrez au fil des écoutes, comme
un bon alcool, il va se bonifier.
C'est pas comme le dernier… (Allez, je débine…
Buddy Guy? Non?).
JACKIE PAYNE & STEVE EDMONSON
– "Partners in the Blues" – 2003 -
Burnside Records
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