Chaque mois métablues donne son point de vue sur un sujet qui lui tient à coeur. Cette page retrace ces différentes prises de position...
 
      Hard Rock toujours...  
  Du Jeunisme Bis...   Les oubliés de ma discothèque  
  Blues Passions 2008 : la déception   Zucchero reprend Johnny qui chante le Blues  
  Dixiefrog se fend   De l'achat circonspect d'un CD  
  L'été des festivals   Talk or not talk  
  Un grand merci   Lynyrd le vaut bien  
  Rock toujours... la suite   Rock toujours  
  Earth Wind and Fire : Arnaque à Cognac ?   Cognac 2006 : Points d'interrogation ?  
  Walk the line   Peer to peer, licence globale et création  
  Des étiquettes   Et c'est déjà Noël !  
  Arvern Blues Society   BB vs Star Ac  
  La maison Black and Tan   Boogie, c'est fini !  
  De la création artistique   Défaite de la musique  
  Que je pleurniche!   Du Jeunisme  
  Soyons exigeants !   BB King pardi  
  Disques autoproduits   La bœuf mode  
  P'tain y refait du Blues!   Et tes pilules Frank?  
  Trophées France Blues   So long Johnny  
  Lettre à Soul Bag suite au débat sur Bobby Rush à Cognac   Toujours plus…  
  Dans l'air du temps !   Le coup de gueule/coeur en cours  
 
Janvier 2009
"Hard Rock Toujours..." par Vince.
 

Amis du Blues, vous savez qu’il nous arrive de laisser de temps à autre une oreille trainer du coté du Hard, pas forcement dans ce qu’il a de plus brutal, mais du coté d’un rock heavy bien lourd et bien gras qui accompagne nos riches samedi après midi à bricoler des carburateurs de scooter dans nos garages respectifs ! Non je ne donnerai pas plus d’éléments sur ce dernier point, mais, oui, on aime aussi le hard car ca fait du bien par ou ca passe !

Alors qu’écoutez vous en 2009 me direz vous ? quel est le groupe de Hard « tendance » ? le disque à posséder ? vous savez l’album que l’on voit en promo à la télé ou chroniqué dans les toujours succulentes Femmes Actuelles (lecture indispensable à tout amateur d’horoscope sérieux…) ? et ben ma bonne dame, au risque de vous surprendre, la même chose que vous écoutiez il y a 10, 20 voire 30 ans ! Alors vous allez me dire, ca y est, revoilà le flingueur de Vince, il nous a déjà fait le coup en 2006 dans son coup de gueule Rock toujours… Et pourtant, force est de constater que c’est la vérité.

Regardez vos écrans de publicité (avant 20h00 désormais) : quelles sont les pubs télés les plus récentes pour des disques ? AC/DC et les Guns’n’Roses ! Incroyable ! Même Madonna qui a sorti un album au cours de l’année 2008 n’a pas eu autant d’écrans de pub pour la sortie de son album… Et le pire, c’est que cela semble marcher. AC/DC non content d’avoir rempli 2 Bercy pour Février 2009 vient de s’offrir un Stade de France dont la totalité des billets a été vendue en moins de 8 heures ! un record ! Il faut reconnaître à nos australiens une persévérance musicale assez rare pour un groupe qui a atteint cette renommée, cependant, cette constance fait qu’il me parait difficile de dire si leur dernier album (Black Ice, Columbia 2008) est meilleur ou moins bon que le précédent. On y reconnaît la touche AC/DC et c’est sans doute ca que recherche tout amateur du groupe.

Autre sujet : les Guns ! LE groupe de mon adolescence ! 2008 accouche enfin de l’album tant attendu (Chinese Democracy, Geffen 2008)… Selon Axl Rose (seul rescapé du line up original au coté de Dizzy Reed), cet album se veut être le meilleur album de l’histoire du rock ! on connaît la modestie d’Axl, mais il est clair que cet album est qualifiable par bons nombres de superlatifs (le plus cher, le plus long à produire…), et au final on ajoutera : l’une des plus belles escroqueries musicales ! car le fan de base que j’ai pu être attendait bien mieux que cet album de rock tout bonnement banal !

Et les autres me direz-vous ? ben ils sont la aussi. A commencer par Metallica, qui non content d’avoir sorti Death Magnetic (Mercury, 2008) en septembre 2008 produit par le talentueux Rick Rubin, a placé son disque au top des ventes en France dés la première semaine et a rempli également 2 dates à Bercy en avril et une date à Nîmes dans les Arènes (ca vous rappelle quelque chose ?). Les anglais de Judas Priest qui ont sorti Nostradamus (Columbia 2008) en juin 2008 se lance en tournée européenne très prochainement, avec a leur coté Megadeth, mené par Dave Mustain seul membre « historique » du groupe.

2008 a aussi vu le retour de Motörhead (album Motorizer, SPV 2008) et même de Def Leppard dont l’album Songs from the Sparkle Lounge (Mercury 2008) sorti fin avril 2008 n’a pas trouvé un réel succès. Enfin, on peut aussi faire état d’Iron Maiden qui cloture une tournée mondiale et annonce un nouvel opus pour 2009/2010, d’Aerosmith qui donne environ les mêmes délais pour leur nouveau cru, ou même encore de Slayer qui annonce la sortie prochaine d’un Human Genocide produit par le même Rick Rubin, et qui est passé par Paris en novembre dernier.

La liste de tous ces groupes de moins en moins chevelus est sans doute loin d’être exhaustive, mais ces groupes sont toujours la, alors mon collègue Edouard dira que c’est parce qu’il n’y a toujours pas mieux, c’est sans doute vrai ! Enfin, si 2009 est l’année de la crise économique, un seul placement net d’impôt à l’air de tenir le cap : le Hard ! A bon entendeur…

 
Novembre - Décembre 2008
"Du Jeunisme Bis : The Homemade Jamz Blues Band" par Edouard.
 

Oui, si vous êtes un fidèle vous vous rappelez sans doute d'un précédent article intitulé "Du jeunisme" traitant des sieurs Lang, Welch, Sheperd & co et d'une jeune et fraîche adolescente Miss Stone… Depuis ces jeunes ont fait leur petit bout de chemin ou stagnés c'est selon.

Si dans le cas de ces derniers, j'étais dubitatif sur leur avenir professionnel en tant qu'artistes je le suis beaucoup moins sur le cas qui nous occupe aujourd'hui. Des petits jeunes qui défrayent la chronique bluesistique en 2008 : The Homemade Jamz Blues Band..
Il s'agit là d'un groupe familial encore en age de jouer aux playmobils comme on en trouve tant et tant dans le rock : des Hanson à la dernière version teutonne Tokyo Hotel.
A la différence que The Homemade Jamz Blues Band fait preuve d'une réelle maturité et d'un grand talent. Ils nous proposent un blues pur et dur. Pas de traces de modernité ou d'autres influences; non leur truc c'est le blues.

Emmené par Ryan Perry, 15 ans, au chant et à la guitare où l'on sent l'influence de BB King mais il ajoute une touche de wah-wah. Kyle Perry est à la basse et enfin la frangine de 9 ans Taya est à la batterie. C'est cette dernière qui est la plus impressionnante. Du fait de son plus jeune age mais aussi par son jeu de vieux routier : d'un naturel confondant et pas une touche n'est identique à la précédente!

Attention, tout n'est pas encore parfait et leur disque "Pay me no mind" n'est pas encore du calibre d'un "Disque du mois" Métablues. Certains morceaux sont trop quelconque et passe-partout, d'autres utilisent des ficelles un peu faciles et grossières…Mais dans l'ensemble, c'est carré, ça tient fermement la route et le plaisir d'écoute est évident sur l'enchaînement "Right Thang, Wrong Woman" / "Penny waiting on a change".
Les compositions sont signés du papa Renaud Perry qui joue également de l'harmonica sur l'album. Bien belle famille, le papa peut être fier.

Pour ne pas rester à coté de la hype "Homemande Jamz Blues band", il ne vous reste plus qu'à les découvrir en live lors de leur passage en Suisse au festival de Lucerne ou écouter leur CD "Pay me no mind" paru chez les canadiens de NorthernBlues.
En attendant le prochain qui devrait confirmer ce premier essai.

THE HOMEMADE JMAZ BLUES BAND : CD : "Pay Me No Mind" – 2008- NorthernBlues

 
Aout - Septembre 2008
"Les oubliés de ma discothèque" par Edouard.
 

C'est en me grattant la tête pour trouver un sujet à nos émissions thématiques de l'été (vous vous souvenez, Métablues, c'est aussi et avant tout une émission de radio!) que l'idée m'a effleuré.
En général pour rechercher une idée, je parcours de haut en bas et de gauche à droite les diverses étagères où sont empilés mes disques. Tout en bas à droite, c'est les "Z" et pour sortir un des mes ZZ Top faut que je me mette à quatre pattes…
Et là en parcourant les tranches des disques , je cherchais un lien entre eux, un sujet. Oh non, pas encore une spéciale Chicago, ni une énième BB King…
Et puis quelques interrogations surgissent ; Chris Cobb? qu'est ce que c'est que ce truc?
Greg Serrato, j'ai ça moi?
Al Garret, Al qui?
Tutu Jones, z'êtes sur?
Blue Louie, mais oui bien sur!

Tous ces noms, plus ou moins obscurs, ces disques aux origines perdues, voilà je le tenais mon sujet d'émission : "les oubliés de ma discothèque!".
Ou "La revanche du retour du Bluesman de la mort" si vous préférez.

L'idée m'a bien fait marrer, et c'est avec beaucoup d'ironie que j'extrayais ces supposés nanards des mes piles de CD. Et c'est toujours avec le sourire au coin des lèvres que je les installais par paquet de cinq dans mon chargeur à CD.

D'où venaient ces CD? Achetés en soldes ou pas. Offerts par une tatie bien attentionnée. Ou plus simplement gravés à partir d'une pile de disques empruntée à un pote. Dans tous les cas, jamais écoutés en entier (voire jamais écouté tout court) et rangés en bas de la pile.
Je parvenais à identifier ainsi une trentaine de CD non identifiés justement. Y'en a pas tellement que ça au final. Première bonne nouvelle.

A leur écoute, ils étaient quand même plutôt pas mal. Certains franchement bons. Je remballe mon air narquois. Seconde bonne nouvelle. Hé oui, si je les ai, c'est que y'a une bonne raison, non? Je retrouve le sourire.
Surtout à l'écoute de gars comme Johnny Nicholas ou Johnnie Marshall.
C'est même rudement bien.
En voilà une émission qu'elle sera bonne.

Sur que vous en avez aussi des disques comme ça chez vous, alors un conseil pour l'hiver : écoutez les, une bonne surprise vous attend sûrement.

 
Juin - Juillet 2008
"Blues Passions 2008 : la déception" par Edouard.
 

En mai 2006, nous avions déjà intitulé un article "Points d'interrogations" à propos de ce cher vieux festival de Cognac. Nous étions alors pour le moins dubitatifs...
2008 nous laisse pantois, comme un frétillant goujon sorti de l'eau, la gueule grande ouverte.

Nous soutenons le nécessaire besoin de diversité artistique. Tous les genres se doivent d'être représentés et pas seulement les 12 mesures pour faire plaisir à quelques puristes ronchonants.

Dans ce même ordre d'idées, nous comprenons le fait de voir sur l'affiche un ou deux noms pas franchement cœur de cible mais ratissant large. Le souci est bel bien d'avoir un festival rentable et donc durable dans le temps.

En revanche ce qui nous déplait cette année, c'est le sentiment que ces deux tendances, diversité et rentabilité, prennent le pas sur les valeurs originelles du festival. Quid même du nom du festival : "Blues Passions"? Les têtes d'affiches résolument "Blues" sont complètement noyées sur la grande scène au milieu d'un grand bouillon musical ou alors carrément absentes.

Ce qui nous déroute en effet, c'est l'omniprésence d'un courant que nous qualifierons de "mainstream" (sans remettre en cause la qualité des artistes proposés) au détriment du Blues. Ce sentiment n'est pas contrebalancé par la programmation proposée sur les multiples petites scènes du festival (on sait que c'est bien!) mais c'est pour les "grands noms" de la "grande scène" que nous descendons à Cognac…
Ajouter à cela un festival qui s'allonge d'année en année et vous obtenez un bien bel éparpillement.

Bon, nous vous laissons seuls juges de la programmation 2008.
Pour notre part, vous retrouverez nos têtes de goujons le 24 juillet au soir et puis nous nous consolerons à Lucerne en novembre…

Mercredi 23 juillet :
• Beverly Guitar Watkins
• Steve Luthaker
• Status Quo
Jeudi 24 juillet :
• Marie Knight
• Willie King
• Billy Jones
Vendredi 25 juillet :
• Pyeng Threadgill
• Joan Baez
• Leningrad Cowboys
Samedi 26 juillet :
• Phoebe Killdeer
• Keziah Jones
• Massive Attack

Blues Passions 2008 du 22 au 27 juillet à Cognac (Charente).
www.bluespassions.com

 
Janvier - Février 2008
"Zucchero reprend Johnny qui chante le Blues" par Edouard.
 

A Metablues, nous ne pouvions pas passer sous silence l'événement discographique de l'hiver 2007-2008 : Johnny Halliday sort un disque de Blues.
Pour parler franchement, on s'en tape complètement. Pour ne pas dire plus.

Dans l'équipe, et je crois comme beaucoup de monde, nous avons une certaine tendresse pour ce vieux Jojo. Sa carrière, un bon paquet de ses chansons, ses mariages, ses bourdes : respect ou amusement.
Là où cela nous amuse moins, pour ne pas dire plus, ce n'est pas l'association de Johnny avec le Blues (tout le monde en a le droit, Johnny aurait même une certaine légitimité) mais le fait maintenant que pour les médias et le grand public Blues = dernier disque de Johnny Halliday et basta. Le Blues est alors réduit à une simple expression, une seule vision, celle de Johnny. Et tous nos artistes chéris, qui ne sont déjà pas très exposés médiatiquement, le sont encore moins. Le Blues est réduit à une caricature : la meilleure preuve dans la pub avec le dit Johnny pour une marque de lunettes au nom has been.

Or nous savons bien que le Blues c'est bien plus que cela, ou alors tout à fait autre chose.
Dans le dernier SoulBag (N°189) Christophe Mourot nous dit qu'il faudrait concevoir le terme "Blues" comme un terme générique plutôt que comme d'une désignation précise d'un genre musical. Swing, Jump, Soul, Rhythm&Blues, Rock, Zydeco, etc sont autant de genres qui peuvent ainsi se retrouver sous la bannière Blues.
L'autre idée pourrait être que le terme "Blues" définit bel et bien un style musical précis. Cela semble plutôt être le sentiment du vénérable Marin Poumérol qu'il exprime dans un court article incendiaire sur la "discographie idéale du Blues en 150 CD" émise par la FNAC (N°16 d'ABS Magazine). C'est la fameuse étiquette qui nous permet de ne pas prendre des vessies pour des lanternes.
Ces deux visions ne s'affrontent pas : elles se complètent le Blues peut être un fourre-tout où Johnny a sa place et en même temps Johnny n'a jamais fait de Blues.

Pour ma part, je navigue allégrement au besoin entre ces deux idées en affirmant avec aplomb que "Johnny est au Blues ce qu'est Mac Do à la gastronomie" ou que "Piaf est une merveilleuse chanteuse de Blues".
Enfin bref, le dernier Johnny nous fait quand même un bon sujet de poilade. Nous nous marrions en marchant dans les rues de Cognac cet été en digressant sur le prochain disque de Zucchero : "Zucchero reprend Johnny qui chante le Blues".

Sur qu'on l'attend de pied ferme. Pour ne pas dire plus. On attendra enfin parler de Blues à la télé…

 
Novembre - Décembre 2007
"Dixiefrog se fend" par Edouard.
 

Oui, oui le label français qui en 2006 a fêté ses 20 ans se fend…Et à double titre.

Pendant longtemps, Dixiefrog a surtout été connu pour être le promoteur français de Popa Chubby. La musique du new-yorkais n'a jamais été notre tasse de thé dans l'équipe de Métablues. Et tous ses copains de la Big Apple (Mason Casey, Big Ed Sullivan & Co) ne nous faisaient pas plus d'effet. Il s'agit purement là d'une affaire de goût.
Bien sur le label ne se limitait pas à eux et là diversité discographique était là : Shaver du coté de la country, Ken Mc Mahan plutôt rock ou Duke Robillard pour le blues. Mais malgré tout, Dixiefrog était irrémédiablement lié au son de New York.
Or à force d'ouverture Dixiefrog est maintenant bien plus que le VRP de Popa Chubby.
La marque visible de cette transition est, pour moi, l'arrivée des artistes Music Maker au catalogue. (Qu'est ce? Une fondation dirigée par Tim Duffy qui vient en aide aux artistes de blues en difficulté. Et pas seulement d'un point de vue artistique : aide aux soins, au logement, etc…). En plus de Pura Fe ou de Beverly "Guitar" Watkins, Dixiefrog nous propose actuellement le très bon disque de Marie Knight, vieille de la vielle s'il en est, ou les jeunots de Carolina Chocolate Drops qui appellent leur mélange de blues/folk/ragtime/jug de l"Early American Music". Du tout bon.
Alors même si pour les dirigeants de Dixiefrog cet éclectisme ne date pas d'aujourd'hui, je tiens particulièrement à le souligner car dans mon esprit cela n'a pas toujours été le cas.

Enfin, Dixiefrog se fend sur chacun de ses produits. Un mot résume l'état d'esprit de la maison : soigné. Oui, le travail est soigné. Les disques sont présentés dans des digipacks cartonnés. Les photos sont belles et ne ressemblent pas à des timbres poste. Les livrets sont luxueux et souvent copieux. Enfin cerise sur le gâteau, la majorité des albums contient une séquence vidéo d'une dizaine de minutes nous présentant soit les Carolina Chocolate Drops jouant dans une bibliothèque familiale, soit une interview lunaire de l'incroyable Webb Wilder.
Là encore, il faut rendre hommage à ce travail remarquable.

Merci donc Philippe Langlois pour sa persévérance et longue vie à Dixiefrog.

Disponible actuellement dans vos crémeries habituelles :

Carolina Chocolate Drops "Heritage"
Beverly "Guitar" Watkins "Don't mess with miss Watkins"
Webb Wilder "It's Webb Wilder Live Time"
Marie Knight "Let us get together"
Pura Fe "Hold the rain"
Mighty Mo Rodgers "Redneck Blues"

 
Septembre - Octobre2007
"De l'achat circonspect d'un CD..." par Edouard.
 

Avec approximativement 1300 CD dans ma discothèque (une paille pour certains, une montagne pour d'autres), mon acte d'achat d'un nouveau disque se veut désormais mûrement réfléchi. Outre les achats irraisonnés, impulsifs, ou nostalgiques (que je regrette aussitôt la première écoute) genre "Kings of Leon" (le soi disant renouveau du rock, bonjour l'ennui) ou la énième compil' de Southern Soul (en cherchant bien, j'ai déjà 50% des morceaux), je tiens à soupeser méticuleusement tous les paramètres : Artistes, musiciens, producteur, année de publication, maison de disques et chroniques ou critiques diverses…

Je tiens en haute estime les magazines "Soul Bag" de qui vous savez et "d'ABS Mag" d'auvergnats pur porc. Et si les chroniques de ces deux magazines sont convergentes (encore que je me méfie comme de la peste de certains chroniqueurs qui ont des goûts divergents des miens et que je m'interdis de nommer car ils m'ont payer des coups), alors je consens à réfléchir à, oui, pourquoi pas celui-là, à acheter le dit CD.

Avec une telle rigueur bluesistique (ou bluesuesque, voilà que je ne sais plus), j'ai assuré le coup pour nos disques du mois et évité pas mal d'écueil en n'achetant pas, tiens par exemple, la réédition des "Wild Magnolias" au grand désespoir de Stéphaaanne Collinngg.
Mais bing patatras, voilà que ma méthode, quasi cnrsistique, fut prise en défaut. Deux fois de suite. Re bing, re patatras. Non pas que ma collection augmentasse de deux bouses (y'en a, y'en a), mais bon, je m'attendais à mieux. Vraiment beaucoup mieux. Les CDs incriminés?
"Going back home" de Charles Walker et "Standing at the crossroads" de Frankie Lee.
Hé, Ho, du calme les gars, j'entends d'ici, ma lorraine natale, vos cris d'orfraie. Ben c'est comme ça, j'suis pas emballé, j'suis pas emballé, c'est tout.

Et pourtant, mea culpa, c'est ma faute, ma très grande faute, j'aurais du mieux écouter le CD sampler fourni avec Soul Bag !!! Tout était dedans et à l'écoute je m'étais dit : "ouais c'est pas mal sans plus" mais je me suis laissé convaincre et j'ai plongé…Pfff quelle banane, je suis.

Alors, grosso merdo je n'ai qu'un seul conseil, les seuls juges en fin de partie étant vos oreilles et vos pieds (s'ils bougent tout seul) : écoutez avant d'acheter.
Pas con, non?

 
Juillet - Aout 2007
"L'été des festivals" par Edouard.
 

Embarras du choix au mois de juillet en France et en Navarre. Et pas si loin de chez nous, pour celui qui daigne prendre sa voiture, faire quelques kilomètres, boire 2 bières uniquement et rentrer…Je ne parlerai donc pas ici de Cognac, Cahors, Vienne, Coutances, Nice ou Juan.
Mais bien de trucs prêt de chez nous ! Y'a pas que dans le sud que la musique est bonne!

L'été est propice aux grands rassemblements car le beau temps doit être de la partie malheureusement depuis quelques années le mois d'août à Audun le Tiche était froid et pluvieux. Pour conjurer le sort les organisateurs du VACHE DE BLUES ont décidé d'avancer ce rendez vous du nord de la lorraine début Juillet. Ainsi du 6 au 8 juillet 2007 sous un chapiteau (on conjure le sort mais on est précautionneux tout de même) défileront : Carl Wyatt, BooBoo Davis et Sherman Robertson le vendredi. Le samedi, très belle affiche, avec les chanteuses Gail Muldrow et Sharrie Williams la tornade. Clôture de toute beauté avec les toulousains d'Awek, Big Dez et le chanteur vedette Sugar Ray Norcia ex-Roomfull of Blues.

Juste un peu plus loin en kilomètres et avec une programmation tout aussi alléchante le BLUES'N'JAZZ RALLYE de Luxembourg aura lieu le 21 juillet 2007. Rappelons le principe de la manifestation : tout est gratuit ! Hé oui, le BLUES'N'JAZZ RALLYE est une immense fête de la musique dédiée exclusivement au blues et au jazz dans le Gründ (bas de Luxembourg ville). Plusieurs scènes, saucisses et Mousel à volonté. Mais surtout de 20h jusqu'au petit matin Sherman Robertson (encore lui!), The Bel Airs, Johnny Maestro, Memo Gonzalez, JW Jones, BB & The Blue Shacks, Mississipi Mudsharks, Stincky Lou & The Goon Mat, j'en passe et des meilleurs.

Alors devant ses alléchants programmes, pas d'hésitation, réservez vos week-ends en lorraine!

 
Janvier - février 2007
"Talk or not talk" par Edouard.
 

L'excellente maison de disques Delmark publie très régulièrement des live du meilleur des acabits. Je pense particulièrement au "Live at the Wise Folls " d'Otis Rush chroniqué en tant que disque du mois sur ce site web.

Fort de cette réputation, de ma propre appréciation, et d'autres critiques, c'est les yeux fermés que je déboursais quelques euros pour me procurer "Live at Vern's Friendly Lounge" de Tail Dragger et "Live at Theresa's" de Junior Wells.
Et mon enthousiasme fut refroidi par la présence dans ces deux albums de "talk"; autrement dit des jacasseries des artistes entre les morceaux…Pour être franc, ces intermèdes parlés entre les chansons ne sont pas systématiques et ne durent pas non plus des plombes.

Mais je m'interroge sur leur utilité.
D'aucuns argueront que cela permet de se replacer dans le contexte et l'ambiance du concert. Ainsi on ne tronque pas la vérité d'un soir. Meilleure appréhension de la personnalité de l'artiste. Compréhension de la musique. Communion avec le public. Bref c'est un tout.
D'autres objecteront qu'une maîtrise de l'anglais est obligatoire pour saisir tout ce qui ce dit. Que ces commentaires n'apportent rien à la qualité des compositions. Et que tout cela nuit à l'écoute d'une traite d'un album.

Pour ma part, vous l'aurez compris, je me range plutôt dans cette dernière catégorie. Si un commentaire ou une blague de 30 secondes peuvent m'intéresser, je reste dubitatif sur leur utilisation longue et systématique. A titre d'exemple, sur le "Live at Theresa's" de Junior Wells, les plages 7, 8 et 9 ne sont que du pauvre remplissage. Plage 7 : 1 min de bla bla, suivi de 1 min 27 de happy birthday (plage 8) enchaîné avec 1 min 47 de parlotte idiote (plage 9).
En lieu et place de ces 4 minutes inutiles, Mr Koester de Delmark aurait pu nous mettre un morceau supplémentaire avec des vrais bouts d'harmonica et de guitare dedans…

Mais bon, l'intérêt historique semble avoir primé sur l'unité et la continuité du disque.
Est-ce le bon choix? Est-ce une nouvelle tendance?

A surveiller et à chacun de se faire son opinion. Quant à moi je serrai plus vigilant, c'est sur!

 
Décembre 2006
"Un grand merci" par Vince.
 

Cela fait plus de 10 rentrées de septembre que métablues revient sur les ondes 93.7 à Nancy et 101.4 à Longwy en FM. Ca a commencé sur Radio Jérico, puis ça se poursuit aujourd’hui sur RCF Jérico. Il est même désormais possible d’écouter métablues en direct le samedi sur le net. Pour la 2de année, l’équipe de métablues vous propose toujours Quart de Blues, 15 min pour faire le point sur un disque, un événement… en semaine. Malheureusement, nous ne pouvons chiffrer l’audience de manière détaillée pour savoir qui nous écoute. On sait cependant que l’audience à été multipliée par 2 ou 3 de manière globale pour la radio lors des dernières données du CSA… c’est déjà ça.

Fin 2002, métablues revenait sur le web. En novembre 2006, cela fait 4 ans que nous sommes sur internet et l’on peut donner ces chiffres : 20000 visites en 4 ans, une fréquentation en constante croissance entre décembre 2002 et mars 2005, une baisse entre mars 2005 et décembre 2005, puis de nouveau une forte croissance depuis mars de cette année avec le maximum de visite en 4 ans en octobre dernier.

Alors que dire de ces chiffres, de ces quelques indices : UN GRAND MERCI pour votre fidélité, pour votre écoute, et vos visites sur ce site. Ces résultats ne peuvent que nous faire plaisir et trouvent une juste récompense pour le temps consacré à ces projets. Ils nous encouragent aussi fortement à continuer à faire vivre notre passion commune dans le futur.

Pour aller plus loin en cette proche période des vœux, nous vous souhaitons donc à tous de très bonnes fêtes de fin d’année et nous vous souhaitons tous nos meilleurs vœux pour 2007 et la musique en général.

Encore merci à tous et à Manu, fidèle aux manettes de l’émission, au nom de toute l’équipe de métablues : Edouard, Thierry, Vince.

 
Novembre 2006
"Lynyrd le vaut bien" par Edouard.
 

Depuis le lycée et la découverte de l'hymne "Free Bird", je suis un fan inconditionnel de ce groupe de rock sudiste appelé Lynyrd Skynyrd.

Lynyrd Skynyrd, c'est un groupe formidable gorgé de talents : un chanteur et chef nerveux Ronnie Van Zandt; trois fabuleux guitaristes ferraillant à qui mieux mieux ou à l'unisson Allen Collins, Gary Rossington et Steve Gaines; un homme à tout faire Ed King toujours utile à la basse ou pour empoigner une quatrième guitare; un pianiste honky tonk qui a toujours mis un point d'honneur à ne jouer que sur des pianos et pas sur des "claviers"; un batteur phénoménal à quatre bras et trois jambes Artymus Pyle; et un bassiste stoïque comme il se doit Leon Wilkenson.

Lynyrd Skynyrd, c'est une armée en ordre de marche : renvoyant dans les cordes Neil Young ("Sweet Home Alabama"), passant au napalm dévastateur une bluette tranquille de JJ Cale ("Call me the Breeze"), s'attaquant frontalement à leur maison de disques ("Working for MCA") ou ridiculisant tous les groupes pour lesquels ils officiaient en première partie (Who?).

Lynyrd Skynyrd, c'est une palanquée de tubes rock aux riffs telluriques "Saturday Night Special", aux envolées stratosphériques "That smell", ou aux titres sans détour "The Needle and the Spoon", "Poison whiskey" ou "Whiskey Rock-a-Roller".

Lynyrd Skynyrd, c'est également un groupe ouvert et pas seulement bas du front pondant des ballades somptueuses "Simple Man", "The Ballad of Curtis Loew", sortant des pépites hallucinantes "Mississipi kid", lorgnant vers le blues "Made in the shade", et éclaboussant de sa fureur des standards country "T for Texas" ou blues "Crossroads".

Lynyrd Skynyrd, c'est une histoire comme seul le rock sait en inventer avec son quota de drames : accident d'avion en 1977 dans lequel décèdent Ronnie Van Zandt, Steve Gaines, la choriste Cassie Gaines et le manager Dean Kilpatrick; en 1986 c'est Allen Collins qui se plante en bagnole et qui restera paralysé jusqu'à sa mort en 1990.

Lynyrd Skynyrd, c'est depuis leur reformation en 1991 une constellation d'anciens rockeurs sudistes, derniers défenseurs de cet étendard : le frangin Johnny Van Zandt a pris la succession au chant; Rickey Medlocke leader/tueur de Blackfoot tient une des lead guitar et un ancien hors la loi Hughie Thomasson apporte son phrasé country à la guitare.

En bref Lynyrd Skynyrd, c'est toute la mythologie des péquenots sudistes américains : teigneux (bagarreurs), déconneurs (alcoolos), travailleurs (besogneux) et surtout fiers de leur racines (…).

Sauf qu'en 2006 Lynyrd Skynyrd, c'est la musique pour "Belle color" de l'Oréal ou une autre connerie du genre. Les godasses de sport Reebok passe encore, mais une pétasse qui le vaut bien alors là, j'en reste sur le cul…

Mais où va-t-on? PUTAIN!

 
Octobre 2006
"Rock toujours... le retour" par Edouard.
 

Je rebondis sur les opinions exprimées par mon ami et collègue Vince le flingeur le mois dernier sur nos amis papys rockeurs…

Si je rigole aux pitreries du sieur Keith Richards et de son cocotier, en revanche mon chauvinisme footballistique a été mis à rude épreuve par les embrassades affligeantes de Sir Mick et de Bad Boy Materasi.
Oui, les Rolling Stones étaient sous les feux de la rampe cet été.
Libre à chacun d'en penser du bien ("Ah, ils sont encore là!") ou du mal ("Ah, ils sont encore là!") mais la question à se poser est de savoir pourquoi les médias parlent encore d'eux et de tous leurs acolytes, les papys du rock donc...

En réfléchissant un peu, la réponse m'est apparue évidente : il n'y a personne d'autre !
Oui depuis combien de temps n'y a-t-il pas eu un tube rock imparable?
Un truc universel qui balaye tout, rentre dans vos têtes, de celles de la ménagère de moins de 50 ans et ne vous lâche pas.
Je parle de rock, d'un truc à grosses guitares, pas d'une bluette pop…
Un truc à la "Satisfaction", quoi…
Allez à votre tour de chercher un peu.

Ben je vous donne ma réponse : 1991.
Je me rappelle mes soirées de bachotage à écouter l'inrockuptible Bernard Lenoir sur France Inter. Un morceau mettait le feu partout sur son passage : "Smells like teen spirit".
Force est de constater que depuis 15 ans, pas un morceau n'est arrivé à la cheville du brûlot de Nirvana. Pas un groupe n'a senti le souffre et déchaîné les foules plus que le trio de Seattle.
Mais malheureusement le type s'est flingué.
Alors faute de remplaçant, on va encore continuer à parler des Stones et des autres.

Moi, je m'en fous j'aime bien. Mais ça fait chier mon pote Vince.
On peut toujours se rabattre sur Jenifer en attendant la relève.

 
Septembre 2006
"Rock toujours " par Vince.
 

C’est en écoutant la radio que me sont venus ces quelques réflexions…

D’accord j’étais loin de faire parti du programme de cette terre dans les années soixante, mais cinq mauvais garçons de 40 ans mes aînés avaient déjà fait parler d’eux. Ces rebelles asociaux obsédés par le sexe (rock n’roll quoi !) avaient réussi à se faire interdire de radio pour un titre aux paroles jugées trop salaces, Satisfaction. A l’époque les Rolling Stones sortaient des « 45 tours » assez régulièrement, ponctués tout aussi régulièrement d’albums devenus classiques et incontournables aujourd’hui.

En 1967 les quatre petits gars de Liverpool, un peu plus propres que les 5 précédents, se font à leur tour interdire de BBC pour le morceau A day in the life de l’album Sgt Pepper’s lonely hearts club band. Comme pour leurs collègues, les mœurs de l’époque ne peuvent encore accepter des paroles faisant sous entendre des références à des produits illicites. Cette année là toujours, Claude François a déjà découvert Monsieur 100000 Volts mais pas encore l’électricité d’EDF, et quand Pink Floyd sort son premier single, Arnold Layne (qui raconte l’histoire d’un travesti volant des sous vêtements féminins), on ne pas dire que les médias trouvent ça à leur goût, et les radios publiques anglaises s’interdisent de le diffuser. Les Cream sont l’un des évènements majeurs de l’année 1967, avant de se saborder en 1969 au moment où Led Zep pose les fondements du futur hard rock avec son premier album.

Good times, bad times, tous ces jeunes gens prennent de l’âge, se sortent (ou pas) de leurs excès de jeunesse, et traversent les ères du disco, du rap ou d’autres daubes reflétant notre société de consommation actuelle.

Au printemps 2005, la critique s’enflamme pour le nouveau Robert Plant qui vient de sortir. Guillaume Durand reçoit la belle crinière blonde avec les honneurs d’une star mythique. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui arrive. L’évènement de l’année s’annonce être la nouvelle cuvée des Stones. Avant même d’entendre le premier riff de papy Keith, tous les médias ont déjà parlé de cet album et de la tournée mondiale qui l’accompagne. OK, Charlie se remet d’un cancer de la gorge, et Ronnie sort d’une énième cure de désintox alcoolique, mais ce sera bon, c’est sur. Au bout d’un mois, tous les médias diffusent la gentille balade tirée de Bigger Bang et les stades se remplissent. Et la noblesse royale de sa Majesté n’a pas tout dit ! Sir Paul McCartney revient en force. Ses concerts dévoilés un par un sont complets encore plus rapidement que ceux de U2. De nouveau, les radios, les télés offrent du temps d’antenne à notre petit scarabée. Mais soyons honnêtes, tout comme le beaujolais nouveau, même si y’en a parfois des bons, ça n’est quand même pas un grand cru !

En 2006, Michel Drucker fait toujours de la télé. Et après ? Et ben, suite à leurs concerts de juin 2005 qui voyaient leur retour sur scène, les Cream se reformeraient prochainement. Et c’est la même chose pour Pink Floyd. Les 2 ennemis jurés, Roger Waters et David Gilmour, seraient en contact pour envisager un retour du Floyd suite à un concert qui leurs a remis les dollars en face des yeux. Pink Floyd (sans Gilmour) passait dernièrement par le Grand Prix de France à grand renfort de pub et d’exclusivité. Début juillet, autre retour anglais, celui des Who ! des qui ? des Who ! Ben ouais pépé Townshend est un peu sourdingue mais mouline toujours autant, et pas pour brasser que de l’air… Cette rentrée se fait avec Dylan qui, fort d'un nouvel album, se place déjà en tête des charts aux States. Ca ne lui était pas arrivé depuis 30 ans...

40 ans après, branchez France Inter et fermez les yeux, éteignez la Star Ac et ouvrez Télérama, vous verrez, on s’y croirait. Ils sont toujours là et bien vivants. Est-ce que ça veut dire qu’on se tapera encore Jenifer dans 40 ans ? On verra. En attendant, place aux vieux !

 
Juillet - Août 2006
"Earth Wind and Fire : Arnaque à Cognac ?" par Vince.
 

La programmation de prochain Cognac Blues Passions soulève ça et là quelques grincements de dents, reprochant, qui l’absence de “vrai blues”, qui la présence exacerbée de soul ou funk, le tout, avec une certaine retenue, histoire de ne pas froisser l’organisation, et pour certains, de ne pas nuire à l’obtention du précieux sésame de presse.

A titre tout a fait personnel, cette programmation me convient même si.... La présence d’Otis Clay, des Neville Brothers (dont je vous recommande chaudement le dernier album Walkin' in the shadow of life) et d’Earth Wind and Fire (dont les prestations live sont débordantes d’énergie et super calées musicalement), m’aurait suffi amplement, sachant que comme chaque année, les surprises viennent des groupes « pas connus » ou présents sur le off.

Ceci dit, alors que le festival s’approche à grands pas, il est temps de remettre quelques pendules à l’heure. Comme le rappelait mon cher camarade Edouard le mois dernier dans cette même rubrique, nous sommes lorrains, un brin gras et bouseux, et sauter à deux pieds dans une flaque d’eau, ca nous fait pas peur ! Non pas pour éclabousser par pur plaisir, mais simplement pour dire les choses comme elles sont.

Ainsi, en lisant entre les lignes du programme, nous avons mis nos doigts boudinés sur une sorte d’imposture, peu néfaste pour le festival, mais entraînant une déception obligatoire pour chaque fan (ou simple amateur comme moi) d’Earth Wind and Fire (EWF).

Soyons clairs : le groupe qui jouera ce samedi 29 juillet sur la scène de Cognac n’est en rien EWF. Point de Maurice White, Philip Bailey, Verdine White ou Ralph Johnson en Charentes. Et pour preuve, le groupe jouera ce jour là à Memphis (aux States !!!) ! (www.wireonfire.com/ewf/tourframebb.html)

D’ailleurs le programme est clair, il s’agit du groupe Earth Wind and Fire Experience feat. Al McKay. Une petite subtilité totalement camouflée par un ensemble d’informations relatives au groupe EWF, le vrai ! Le site internet de Cognac Blues Passions renvoit vers le site officiel de EWF, donne les titres des derniers albums de EWF etc…

Mais alors qui sera sur scène à Cognac ? Guitariste-compositeur, Al McKay est à l’origine de nombreux tubes du groupe EWF, mais il a quitté ce dernier en 1981 ! Vous pouvez visiter son site web : http://almckay.com. Il tourne désormais avec ce groupe EWF Experience afin de faire vivre « une grosse machine à tubes », accompagné de Devere Duckett, Tim Owens et Claude Woods au chant.

Notre message s’adresse donc aux curieux qui rêvent d’entendre September, Sing A Song ou Boogie Wonderland en live, soyez prévenus, vous entendrez la musique d’EWF jouée par d’autres. C’est pas pour ça que ce sera pas bien, mais c’est mieux de le dire.

A bon entendeur, let’s groove !

 
Mai - Juin 2006
"Cognac 2006 : Points d'interrogation ?" par Edouard.
 
Michel Rolland, le directeur du Cognac Blues Passions, le répète régulièrement le festival "Cognac Blues Passions" n'est pas exclusivement centré sur le Blues mais s'ouvre à toutes les musiques noires ou afro-américaines.
Ainsi nous avons pu apprécier les années passées du Doo-Wop, du Gopsel, du Funk, de la Soul, du Rock et bien sur du bon vieux Blues…La programmation a toujours visé large : pour tous les goûts, pour tous les publics.

Les amateurs que nous sommes ont toujours trouvé leur compte dans cette diversité.
Cette année 2006, le festival remet le couvert dans le même esprit mais la soupe semble moins alléchante que les années précédentes.

Où sont passés les Bluesmen?
Il y en a certes, mais point de grands noms. Point de grande soirée "Blues". Point de Chicago Blues. Point de West Side Sound. Point de Texas Style, de Jump Blues, de West Coast, ou de Swing…Regardons un peu la programmation sur la grande scène :

 
       
  Jeudi 27 juillet :
• Ze Bluetones
• Terry Evans
• Otis Clay
  Vendredi 28 juillet :
• Davell Crawford
• Irma Thomas
• The Neville Brothers
       
  Samedi 29 juillet :
• James Blood Ulmer
• Bettye Lavette
• Earth Wind & Fire
  Dimanche 30 juillet :
• Essie Mae Brooks
• Ilene Barnes
• Isaac Hayes
       
 
Si chaque artiste est absolument légitime de passer au festival, la concentration de vedettes "soul" ou "funk" (et ne venez pas me dire que je colle des étiquettes) semble trop importante.
Un problème de dosage dans les ingrédients?

Nous regrettons publiquement ici l'absence d'une ou deux têtes d'affiche "Blues".

La réponse sera aisée et toute faite : le Blues, mon cher Monsieur, ce sont tous ces artistes cités ci-dessus qui le font vivre et le composent. C'est vrai en partie.
Pour une autre partie (la partie puriste des bouseux de lorrains existe un poil en cherchant nür ein bischen), ça fait un peu chier. Faut le dire, Michel.

Alors l'interrogation porte sur le point suivant : Serons nous motivés pour descendre à Cognac cet été?

Festival "Cognac Blues Passions 2006" du 26 au 30 juillet à Cognac - Charente
www.bluespassions.com

 
Mars - Avril 2006
"Walk the line" par Edouard.
 

Coup de cœur pour ce film attachant retraçant une partie de la vie de Monsieur Johnny Cash.
On part de ses 12 ans dans la ferme de ses parents en 1945 pour terminer à Nashville à la fin des années 60 après sa rédemption.

L'histoire du Man in Black est somme toute assez banale galère, gloire, déchéance et rédemption. Le film fait surtout la part belle aux relations tumultueuses qu'entretenaient Johnny Cash et June Carter. Il ne faut pas trop s'attarder sur la véracité historique de certaines scènes (l'audition chez Sun Records notamment…) mais plutôt se laisser porter et charmer par l'histoire d'amour contrariée de Johnny et June.
Et il est un fait remarquable pour un grosse production américaine : le film ne sombre jamais dans la mièvrerie, le sentimentalisme à deux cents et les clichés faciles propres à ce genre de situation. On craint un moment une scène de cet acabit lors d'une partie de pêche, mais non, cela reste sobre et le trouble des personnages est seulement évoqué. Ouf (d'habitude on a droit au couché de soleil avec reflets sur l'eau de la rivière et moult violons).

Autre point à souligner ce sont les performances vocales des deux acteurs. En effet, toutes les chansons du film ont été réinterprétées par Joaquim Phoenix (Johnny Cash) et Reese Witherspoon (June Carter). Aucun original dans le film. Et ils s'en tirent tous les deux très bien. Joaquim Phoenix réussi à trouver une voix de baryton crédible et Reese Witherspoon imite à merveille les roulements gutturaux de June Carter.
Nommés tous les deux aux Oscars 2006, c'est finalement Reese Witherspoon qui décroche seule la timbale. Normal, comment ne pas tomber tous amoureux de cette petite tête de mule pendant le film?

Certes les fans de Johnny Cash, regretterons l'absence de telle ou telle anecdote, critiquerons certains raccourcis faciles mais le film est bel et bien un beau succès accessible à tous.
On attend la suite de 1970 à 2003 car contrairement à ce que le film laisse entendre sur la fin la vie de Johnny Cash n'a pas été aussi régulière et tranquille qu'un train lancer sur ses rails.

Et un conseil pour la route : allez surtout le voir en VO.
Y'a pas photo comme on dit.


"Walk the Line" de James Mangold avec Joaquim Phoenix et Reese Witherspoon.

 
Février 2006
"Peer to peer, licence globale et création…" par Edouard.
 

Encore une fois je vais m'énerver et je vais me répéter.
M'excuse pas humblement.

Mais font rien qu'à m'énerver suite au Midem…
Z'ont parlé dans tous les sens de téléchargement, de peer to peer, de mp3, de rémunération des maisons de disques des artistes et tout ça…
Y'en a des pour la licence globale. Y'en a des contres.
Y'en a pour le paiement au fichier téléchargé. Y'en a des contres.
Mais sont tous d'accord c'est pour protéger les artistes.
Sinon plus de création. Nib. Nada. Rien. Peau de balles.
Plus rien à se mettre dans les feuilles qui z'ont dit.

Et là je dis stop. STOP.
Non mais quel toupet d'essayer de nous faire avaler des couleuvres pareilles.
La création artistique ne sera jamais en cause.
Elle a existé de tout temps, elle existera encore.
Les grottes de Lascaux et Bézu.
La création artistique est aussi immortelle que la connerie humaine (et avec la mienne...).

Ce qui est en cause : c'est la promotion de l'artiste. Sa diffusion auprès du public. Sa médiatisation. C'est aussi la perte de contrôle des maisons de disques sur leurs poulains. Il n'est même pas la peine d'évoquer le sujet de la production ou de l'enregistrement. Tout est numérique. N'importe qui peut faire son disque dans sa cuisine.
Il n'est donc question que de rentabilité pour les maisons de disques.

Pour les artistes, reste ce qui devrait être au cœur des débats : leur payer des droits d'auteurs.
Sujet bien souvent écarté des discussions mais remettre en cause la Sacem et son hégémonie serait un premier pas dans la réflexion.

Enfin bref, il se trouve que chez nos voisins anglais, un groupe qui s'appelle "Artic Monkeys" fait bien son blé en ce moment. Et ils se sont toujours débrouillés tout seul…

 
Janvier 2006
"Des étiquettes " par Edouard.
 

On attend régulièrement tous médias confondus "La France est le pays où on colle des étiquettes", "J'aime pas qu'on me colle des étiquettes", "On vous met dans une case", "On m'a collé une étiquette et je n'arrive pas à la décoller…" etc, etc… Vous avez, je suis sur, déjà entendu ce type discours dans la bouche d'artiste de tout genre (musicien, comédien, cinéaste,…). Par là en général, l'artiste se plaint qu'il n'est pas libre de faire ce qu'il veut. Ce discours m'énerve. Alors j'aimerais quelques explications.

Premièrement je souhaite que les plaignants nous révèlent qui est ce "on".
"On est un con" (maxime bien connue mais exprimée différemment par tous les professeurs de français dans les collèges) et par extension celui qui l'utilise.

Secondement je demande en quoi leur liberté, leur créativité, leur envie de repeindre leurs chaises de jardin ou de manger de la choucroute est bridée.
Comment? Y a-il quelque chose qui les entrave?

Troisièmement, interrogeons nous un peu sur l'origine d'un catalogage?
Et si tout ceci n'était que le reflet historique et condensé de la carrière de l'artiste. L'étiquetage ne serait alors qu'un outil de reconnaissance.

Quatrièmement
Est il obligé d'avoir une seul étiquette à la fois ou peut-on avoir plusieurs étiquettes simultanément. Comme autant de cordes à son arc ?

Cinquièmement
Est-ce qu'avoir une étiquette ou des étiquettes c'est péjoratif ou dégradant?

Sixièmement
Et si c'était utile?

Et finalement si c'était dans la nature humaine ? Personnellement, j'aime bien avant d'acheter un poulet savoir s'il vient de Loué, s'il a été élevé au grain, s'il a pu gambader dans de vastes étendues de 30 cm2 et si on lui a coupé les couilles. Pareil avec le reste. M'en vais tant coller des étiquettes !

 
Décembre 2005
"Et c'est déjà Noël !" par Edouard.
 

Et c'est déjà Noël, l'année 2005 a filé vitesse grand V charriant son lot de bonnes (cherchons) et mauvaises (ramassons) nouvelles.

Je cherche les bonnes nouvelles…
Je me penche et je ramasse : la fermeture du magasin de disques "Boogie" de Levallois Perret, la stagnation de "La gazette de Greenwood", le dernier et faiblard album de BB King, l'ouragan Katerina détruisant tout sur son passage…
Je cherche encore de quoi nous réjouir alors que part terre, abondance de sad news : décès en série, Little Milton adoré, Clarence Gatemouth Brown, ou RL Burnside… Et BB King a fêté ses 80 piges. Est-ce la sinistrose ? Et je n'ai pas encore parlé de la dette de la France qui s'élèverait à 200 Milliards d'Euros. On est pas dans la merde.

Pour l'équipe de Métablues ça ne va pas si mal. On l'a mauvaise de n'être pas descendu à Cognac cette année et on se dit que l'an prochain, y'a pas à chier, on y va.
Et coté positif, une nouvelle émission "Quart de Blues" a vu le jour. J'espère que vous avez remarqué que nous sommes toujours aussi fort pour trouver des titres à nos émissions. Ca dure 15 minutes, ça parle de Blues et c'est à l'heure de l'apéro tous les mercredis à 12h15. Donc ça s'appelle "Quart de Blues". Epatant non?

Alors tant qu'on sera les rois de la blague, on sera les rois de la blague.
C'est déjà ça. Et joyeux Noël !

 
Novembre 2005
"Arvern Blues Society" par Edouard.
 

Au travers de nos diverses pérégrinations en Aragon et en Navarre, nous avons bien évidement fait des rencontres (souvent éthyliques) avec des passionnés, des amoureux du Blues qui se donnent sans compter pour promouvoir cette musique.

Ainsi il y a quelques années à Cognac (normal), nous avons été mis minables au bar par une bande d'auvergnats bien gaillards et bien sympathiques. Hubert et Jimmy, animateurs radios et fameux zozos tous comme nous, le doc et photographe au cheveux ras Marcel Bénédit, le grand Patrick Veysset, et leur maître à tous le vénérable et érudit Marin Poumérol.
Cette gentille bande étant accompagné par quelques rugbymen de (Cler)Montferrand qui ne se font pas prier pour vous faire une démonstration du plaquage à la sauce Marcel Michelin à 2h du mat'. Tout ce beau monde forme plus pou moins l'Arvern Blues Society.

Et cette association de copains a lancée une revue consacrée à nos musiques préférées : "Arvern Blues Society Magazine" ou ABS Mag. Nous vous en avions déjà parlé en 2004 dans une courte news d'actualité lors de la sortie du N°4 et je reviens à la charge pour vous en dire tout le bien que j'en pense et vous vanter l'excellence de ce magazine.

Primo : si j'en parle c'est parce que ce magazine est vraiment bien. Ce n'est pas parce que ce sont des connaissances et que nous recevons gratos le mag à la radio.
Secondo : alors que "Rollin'&'Tublin" vient de disparaître, que le tout neuf "Blues Again" a les défauts de sa jeunesse et que "Blues Mag" ne reflète pas nos goûts, ABS Mag se présente comme le seul magazine valable en complément de l'inoxydable "Soul Bag".
Pourquoi?

Passons sur la forme qui nous importe peu même si elle est absolument remarquable (papier, typographie, lisibilité, photos, mise en page) pour nous intéresser au fond.
Le magazine débute par un dossier sur un thème précis et c'est là que se révèle l'excellence du journal : qualité des informations, facilité de lecture (même pour des abrutis comme nous), et sujet d'intérêt. Ensuite des zooms sur des artistes souvent méconnus au travers d'articles (Tyronne Davis pour le dernier numéro N°8) ou d'interviews (Zac Harmon N°8).
Je me rappelle d'un zoom sur un club de Chicago le "Lee's Unleaded Blues" qui m'avait furieusement donné l'envie de faire mes valises et de me casser aussi sec vers la Windy City.
En général pour commencer ma lecture, je cherche "Le petit guide d'achat pour débutants" de Marin Poumérol où ce dernier nous conseille précisément sur la discographie d'un artiste (Solomon Burke N°8). Incontournable.
Viennent ensuite les traditionnelles rubriques consacrées au news (état de santé de Willie Kent N°8, festivals, etc…) et la sélection d'ABS Mag des derniers CD parus. C'est encore un point où nous nous retrouvons complètement : leur sélection est loin du copinage franco/français, loin du Blues Rock à la New Yorkaise, loin du CD gratos envoyé par une maison disque… C'est des bons qu'on vous dit! La preuve "Think of Me" de Little Milton est leur album coup de foudre, comme nous ce mois ci.

Alors plus d'hésitation si vous cherchez un magazine sérieux de Blues : ABS Mag – 5 Euros le numéro – 3 numéros par an. Toutes les infos sur www.absmag.fr
Fortiche la bande à Marcel (et il arrive même que Stéphane Coling apporte sa plume et son inénarrable "agcent").

 
Septembre et Octobre 2005
"BB vs Star Ac" par Edouard.
 

Alors qu'une énième saison de la Star Ac' débute sous nos mirettes éblouies, Mr BB King fête ses 80 printemps et ses plus de 50 ans dans le bizness.
Deux extrêmes du monde musical dans lequel nous vivons.

D'un coté les champions de la musique pré-fabriquée, calibrée et marketée à mort : on ne connaît même pas le nom complet des jeunes gars et des jolies filles. Tous se fondant dans le moule made in TF1 pour faire corps avec le groupe et ensuite s'auto éliminer lors des fameux "prime". Au final, il n'en restera plus qu'un comme dit le Higlander. Pas sur.
A mon avis, il en restera zéro.

De l'autre le Blues Boy, né Riley prêt d'Indianola Mississipi. Noir et pauvre dans l'Amérique d'après guerre. Bouffe de la vache enragé, fait de la pub pour "Pep Ti Kon" boisson pharmaceutique à 12% d'alcool. Mais avec son immense talent et à force de ténacité, il impose le Blues à l'échelle de la planète.
BB le bluesman universel.

Et entre ces deux extrêmes, tous les compromis, styles, variétés, sous genres, philosophies, personnages, génies ou imposteurs existent.
L'amateur de musique, le mélomane, enfin bref le consommateur quoi, ne se retrouve pas devant l'absence de diversité et de choix, mais bel et bien devant le trop de possibilités qui s'offrent devant lui.

C'est bien là que réside un des problèmes actuels. Confronté à cette opulence, on ne sait pas où donner de la tête, ou que choisir. Pourquoi? La paresse, mon capitaine.
On préfère s'en remettre aux médias qui tous confondus vous orientent vers la Starc Ac'. Pourquoi? Pour le blé, mon capitaine.

Et c'est vraiment dommage car l'alternative existe. BB et tous copains sont là. Les autres aussi. Reste à se donner la peine de les découvrir, de chercher les disques, d'aller aux concerts, de rencontrer des artistes émouvants.
Nous sommes là pour vous aider. Les amateurs, les fanzines, les radios associatives, les disquaires spécialisés, les webzines ou les forums de discussion. Nous sommes là !

Alors faites nous confiance!
Etes vous capable de faire confiance à Métablues ?

 
Eté 2005
"La maison Black and Tan" par Edouard.
 

Nom : Black & Tan
Origine : Pays Bas
Boss: Jan Mittendorp
Particularité : Ne s'encroute jamais

Oui la maison Black & Tan ne s'encroute jamais…comme le riz du vieil oncle machin.
Car la philosophie de la maison est de faire du neuf avec du vieux…

Le vieux, c'est évidemment notre musique préférée le Blues.
Le neuf, c'est d'y insuffler de la nouveauté, de la jeunesse, quitte à prendre à rebrousse-poil les amateurs les plus endurcis, à susciter le débat chez les fans.
Leur technique : promouvoir des artistes souvent inconnus, jeunes, vieux, blancs, noirs, européens, américains…Peu importe. Ensuite carte blanche.

Faites la musique que vous voulez. Si les racines Blues sont évidentes, la forme musicale est beaucoup plus éclectique : un mélange country-folk intimiste pour Mr Ernie Payne; de la soul matinée de R&B pour Mike Andersen; des inflexions rap et une production hyper moderne chez Billy "Tha Blues" Jones (même le lexique du rap est repris dans le titre des morceaux) et le petit dernier Harrison Kennedy se présente comme un troubadour Blues, le plus souvent seul à la guitare.

Alors, oui, les disques produits par Black & Tan font quasi systématiquement preuve d'originalité dans le monde traditionaliste des 12 mesures. On n'aime pas tout, loin de là.
Mais cette originalité n'est pas faite pour nous déplaire.
Et puis, ils sont malins chez Black & Tan : ils se sont gardés quelques vieux de la vieille pour assurer le fond de commerce. Byther Smith ou Boo Boo Davis!

Bravo Jan, continuez les gars!

Mike Andersen –"Tomorrow"
Billy Jones – "Tha' Bluez"
Harrison Kennedy – "Voice Story"
Ernie Payne – "Coercion Street"

 
Printemps 2005
"Boogie, c'est fini !" par Edouard.
 

Et dire que c'était LE magasin de disques spécialisés en Blues sur Paris et donc, par extension, sur toute la France... Pas d'exagération dans ces propos, juste le (triste) constat d'une réalité où en dehors de quelques lieux très spécialisés parisiens et encore plus rares provinciaux, difficile de trouver notre bonheur dans les étalages des disquaires. Toujours le même blues-rocker new-yorkais et ses copaings trustant les têtes de gondoles et la moitié des bacs... En dehors de ce personnage, point de choix, de diversité ou de découverte.

Alors Boogie, boutique de la rue Louise Michèle à Levallois Perret, c'était l'eldorado du fan de Blues et de Soul. Je ne vais pas vous raconter l'historique de Boogie (je ne la connais pas de toute façon), mais quelques courtes bribes de souvenirs avec Jacques, Jean Pierre et Didier. J'ai appris l'existence de cette boutique spécialisée par l'intermédiaire de Soul Bag. Normal Jacques Perrin, rédacteur en chef de Soul Bag, est aussi l'un des piliers de Boogie. Depuis ma province, je commandais aussi sec. Dans mes premiers cartons, je me souviens de "Journey" de Mighty Sam McClain ou de "I was raised on the Blues " de Johnny Jones.

Puis lors d'une montée à Paris (on monte toujours à la capitale depuis la province), je découvre de visu la boutique à un angle avec sa devanture jaune. Je rencontre surtout, Jean Pierre Arniac, chemisette diable de Tazmanie, crinière et barbe blanches, fan de rugby, d'Howlin' Wolf et surtout illustre photographe (les clichés de "L'encyclopédie du Blues" de G. Herzhaft, c'est lui). Je ressors avec 6 ou 7 Cds en poche dont "Another cow's dead" d'Eddie King en guise de Saint Graal.

Changement dans ma vie professionnelle, direction Clichy, ville mitoyenne de Levallois Perret. Vraiment pas de bol pour mon portefeuille. Moi chez Boogie. Ma femme dans les nombreux magasins de Levallois. "Tu ne ressors pas de la boutique tant que tu ne l'as pas acheté!", c'est ainsi que me parla Jean Pierre du premier Willie King "Freedom Creek". "Tu ne remets plus les pieds ici!", me dit Jean Pierre alors que je brocardais Howlin' Wolf et que je vantais Led Zeppelin. "J'ai besoin d'une nouvelle paire de chaussures". Les bonnes blagues.

J'y allais régulièrement "entre midi-deux" depuis le boulot avec un collègue, fan de Zappa (y'en a). A cette heure là on était accueilli par Didier, grand échalas incollable sur James Brown, fan de funk et de Soul. Well known as DJ Père NS. Et incroyable mais vrai, quel que soit le disque qu'il me présentait, ben j'aimais pas. C'était du 100%. Mais bon, on rigolait bien à savoir qui avait le plus des goûts de chiottes entre Zappa de mon pote, ma soudaine passion pour Johnny Cash et la nu-soul de Didier.

J'ai mis les pieds la dernière fois chez Boogie le vendredi 18 mars. Soldes à -50%. Je ne suis pas ressorti les mains vides (suis je déjà sorti les mains vides?). Un entrepreneur relevait des cotes avec un mètre pour le transformer en magasin de lunettes. Le rideau définitif est tombé le 19 mars 2005. Pourquoi? Ben... un chiffre d'affaires défaillant sur le tout venant et puis la retraite qui s'approche pour Jean Pierre.... Alors voila.

Alors voila MERCI à Jacques, Jean Pierre et Didier. MERCI. On va se démerder pour trouver les disques que l'on aime. Paske j'ai mon intégrale de BB King en 13 CD à compléter.

 
collection automne hiver 2004 !!!
"De la création artistique" par Edouard.
 

Après un printemps et un été pleurnichards (cf. coup de gueule de juin 2004) des maisons de disques, essayons d'aborder plus en profondeur le problème posé par la copie, et le téléchargement.

Pour lutter contre ce phénomène, l'argument massue dégainé par les maisons de disques est que le téléchargement mettrait en danger la création artistique.
Le raisonnement est le suivant : téléchargement = moins de ventes = moins de bénéfices = moins d'investissements = moins de création artistique !! CQFD.

Encore une fois, les maisons de disques se foutent bien de notre gueule.
Quelles se plaignent de perdre de l'argent, OK. Il n'y a aucune honte à vouloir faire des bénéfices. Mais qu'elles fassent systématiquement la corrélation avec la mort de la création artistique, alors là pas d'accord!

Est-ce que la diminution des bénéfices d'Universal, va empêcher Tony Joe White, ou Solomon Burke de composer tranquilles sous le porche de leur maison ? Non.
Est-ce que la marge négative de la Warner (si jamais ça arrive un jour), empêchera BB King de continuer à gratouiller sa guitare? Non.
Est-ce que la dégringolade du cours en bourse d'Universal, empêchera les futurs Dr Feelgood de répéter dans un garage ? Empêchera un nouveau Stevie Ray Vaughan de martyriser les cordes de sa gratte? Empêchera une émule d'Aretha Franklin de chanter des gospels dans son église de quartier? Non. Non. Non.

Le processus de création artistique n'est pas lié à la richesse de l'artiste ni de sa maison de disques. Les exemples pullulent et pas uniquement en musique. La meilleure preuve est bien évidemment notre musique préféré : le Blues. Créé par des fils d'esclaves, des musiciens itinérants sans le sous, des ramasseurs de coton, des pauvres quoi!
L'argument "création artistique en danger" est donc complètement fallacieux.

Les maisons de disques vont alors répliquer et entamer les couplets : "production et studios d'enregistrement", "design et packaging", "promotion ", "diffusion du produit", "suivi des artistes", et que tout cela à un coût.
La réponse à leur faire est alors toute simple : Qui en bénéficie?
Les excellents Bluetones? Bo Weavil? Mudzilla? Rosebud Blue Sauce? pour ne parler que des Frenchies. Ben non, évidemment!!

C'est la Star Ac qui bouffe tous les crédits…
Notre musique préférée ne pourra, comme toujours, que compter sur elle-même, sur ses passionnés et sur le développement des modes diffusion alternatifs (par Internet comme Prince, ou par les kiosques comme Manu Chao, par exemple).

Et ne me dites pas que grâce à la Star Ac des artistes comme Sanseverino ou Cali sont sortis de l'ombre. Ah la putain de bonne blague!

 
juillet et aout 2004
"Défaite de la musique" par Vince.
 

Certains la voient romantique, d'autres comme une sortie exceptionnelle, ou bien encore comme l'occasion d'une grande fête populaire " all night long " comme le dit la chanson. Finalement c'est un peu tout ça la fête de la musique. Initié il y a 23 ans, celle-ci voulait être une fête de toutes les musiques : bonnes ou mauvaises, bien ou mal jouées, amateurs ou professionnelles. En adaptant le discours, on pourrait dire qu'il s'agit d'une espèce d'espace de liberté et de diversité culturelle qui rappellent que la culture n'est pas une question politique, mais qu'il s'agit d'une richesse que seule les démocraties peuvent s'offrir !

Mais revenons à notre fête qui permet ainsi la promotion de la musique vivante au moins une fois par an. Même s'il y a beaucoup à en dire, nous ne reviendrons pas sur la sous-culture musicale proposée par les grands chaînes de télévision chaque 21 juin… Ce sera pour une prochaine fois.

21 juin 2003. La fête suit son cours à Nancy. On est samedi soir, le temps est superbe, les rues sont noires de monde. Tout semble parfait et pourtant. Une bande de " sauvageons sauvages et très cons " s'emporte et plombe la soirée. Du moins une partie. On a noté à l'époque une pépinière saccagée (bien moins que par la tempête de 99), des troubles sur la voie publique (comme dans tout événement publique), une concentration excessive de foule en vieille ville, sans oublier 16000 € de frais de nettoyage (le prix de la culture ?)…
Compte tenu de l'ambiance actuelle, c'est décidé, 2004 sera placée sous le signe du " tout sécuritaire ", ou plutôt pour employer les termes officiels : " Fête de la musique : dispositif de sécurité renforcé ! ". Fini la rigolade, l'arrêté municipal est clair : moins vous en faites, moins y'a de risque. Et en plus, on ne mettra pas 240 heures pour tout nettoyer…
Alors on y va :
- Interdiction de vendre des boissons alcoolisées sur le trottoir. " Vous avez loué une tireuse à bière mon bon monsieur ? Et bien vendez de la bière dans votre établissement. Mais pas en extérieur. "
- Interdiction de toute activité commerciale sur la voie publique : " vos 300 sandwichs, mettez vous les où je pense ". Je ne savais pas que la saucisse pouvait attiser les foules à ce point…
- " Vous n'avez pas l'autorisation de terrasse qu'on vous a remis en mains propres y'a 2 jours, mon brave homme ? Et bien, veuillez ranger tables et chaises immédiatement ". Dès fois que.
- Fermeture à 2 heures et pas possibilité d'aller au delà.

Quand à la musique me direz vous ? Fini la rigolade :
- Demande d'autorisation municipale préalable pour tout groupe désirant se produire lors de la soirée,
- Limitation de l'activité musicale à certains quartiers préétablis,
- Branchements " sauvages " chez le particulier interdit,
- Fermeture à 17h du parc de la Pépinière, parc central de Nancy où le bœuf s'installe spontanément chaque année. Ce qui n'empêche pas la mairie d'y programmer 2 concerts d'extérieur (Eddy Mitchell et Stephan Eicher) au mois de juillet…

Et pour couronner le tout, on vous sort un défilé de képis comme jamais vous en avez vus : du policier municipal, du national, du gendarme, du CRS, et du civil… en attendant l'armée ?

Le prétexte est simple " la sécurité ". Il faut absolument éviter les " problèmes graves " de l'an dernier, les pompiers et la police doivent intervenir immédiatement. Finalement si y'avait rien ce serait encore mieux.
Mais à part ça, tout va bien. La municipalité et ses responsables pavoisent, les médias locaux relatent les faits dans le meilleur des mondes. Et pourtant. Prises cette année sans plus de remue-ménage, ces mesures seront réintroduites l'an prochain de manière légitime, puis à terme on supprimera cette manifestation tout simplement. A mon sens, un brin de liberté vient de disparaître. Aujourd'hui ici et demain ? La sécurité est sans doute un motif valable, mais il ne doit se suffire, sinon chacun reste chez soi à s'abrutir devant la télévision. Et encore, gare à l'implosion…

PS : encore un coup de gueule à destination des cafetiers ou autres tenanciers de bars. N'avez-vous jamais remarqué par quel fait du hasard, lors de ce genre de manifestations, la plupart des WC des bars et cafés est indisponible momentanément, bouchée ou en réparation ! Tout le monde sait bien que bière et WC sont indissociables, et que le client peut avoir le droit d'uriner. Evidemment, la foule extérieure, qui a consommée de la bière, peut elle-aussi avoir le droit d'uriner. Comme celle-ci est civilisée (en partie), elle urine dans les bars où elle n'a pas forcément consommée. Mais évidemment cela suppose un nettoyage desdits toilettes en fin de soirée. Avec le chiffre d'affaire réalisé lors de cette soirée, cela semble tout simplement impensable…

 
mai et juin 2004
"Que je pleurniche!!" par Edouard.
 

A chanter sur l'air de "Que je t'aime" de notre Jojo national; "Que je pleurniche, que je pleurniche, que je pleurniche, que je pleurniche" semble être la nouvelle rengaine des maisons de disque.

Pas un magazine qui n'ait abordé le sujet, pas un journal de 20 heures sans son reportage de 3 minutes. Suppression d'emplois, réduction des dépenses, délocalisation, je quitte la place de Vosges, sniff, pour, sniff, la porte de Clignancourt, renégociation des contrats des artistes, etc… Baisse du salaire du PDG? Faut pas déconner, non plus.
Toute la presse s'est fait l'écho des larmoiements des majors. Insupportable. Je n'en peux plus.

Ceci n'est pas une tribune qui va résoudre le problème de la chute de la vente de disques, ou qui va en chercher les causes. Ce sera l'occasion d'un autre coup de cœur/coup de gueule. Elle est là pour raviver les mémoires de ceux ou celles qui l'ont un peu courte!

Pendant plus de cinquante ans qui a exploiter et truander minutieusement les artistes?
Demandez donc au père Jagger et à ses potes quels droits ils ont sur tous leurs albums de la période Decca ; il en est devenu la rock'n'roll star la plus pingre du show bizz.

Pendant plus de cinquante ans qui a essayé de spolier systématiquement les auteurs?
Demandez donc au père Jimmy Dawkins ce qu'il en pense, lui qui créé une association pour le recouvrement des droits d'auteur impayés.

Pendant plus de cinquante ans qui a profité des décès d'artistes (et des anniversaires de décès aussi) pour inonder le marché de trucs plus ou moins foireux et de compils débiles?
Demandez donc, s'ils le pouvaient, à Stevie Ray Vaughan, Curt Cobain ou Jeff Buckley.

Pendant plus de cinquante ans qui a spéculé sur les droits d'édition et s'est assuré des rentes ad vitam æternam?
Demandez à Paul McCartney et à Michael Jackson ce qu'ils en pensent; et qui veut maintenant récupérer le catalogue des Beatles? Hein? Qui?

Pendant plus de cinquante ans qui a profité de notre crédulité de fan pour nous refiler au compte goutte inédit sur inédit, version remixée, version live, version japonaise, version repackagé, version remasterisée, version SACD, version avec le bonus track, version anglaise différente de l'américaine, version martienne et tout ça sur le dos de l'artiste?
Demandez donc à la famille Hendrix.

Pendant plus de cinquante ans, qui a produit, commercialisé et promu des chanteurs ou groupes kleenex jetables au bout de la seconde utilisation une fois s'être bien engraissé?
Demandez au 2B3.

Pendant plus de cinquante ans qui a fait des chiffres d'affaires monstrueux avec des marges bénéficiaires colossales?
Demandez le à mon portefeuille!!

Alors que la chanson s'arrête. Je ne pleurnicherai pas avec vous, démerdez vous tout seul.

 
mars et avril 2004
"Du Jeunisme" par Edouard.
 

Dans tous les domaines, il est régulièrement de bon ton d'encenser le petit nouveau ou de porter au pinacle le dernier arrivé et qui n'a pas encore 18 ans, je ne sais pas si vous vous rendez compte ma bonne dame, si jeune et déjà tant de talent. Oh! mais oui bien sur il est révolutionnaire, c'est quand même autre chose que ces vieux machins!

Vous pouvez appliquer ce genre de discours à ce que vous voulez; résultats garantis surtout dans le monde culturel. Heureusement pendant longtemps cette mode indémodable, de toujours préférer les jeunes aux anciens, n'a que peu touché nos musiques préférées.

Mais depuis quelques temps le marketing a bien évidement repris le dessus et on a vu éclore de nouvelles pousses... Milieu des années 90, on se souvient du clone de Stevie Ray Vaughan en la personne de Kenny Wayne Shepherd qui depuis suit la piste du Guitar Hero qui tue de la mort... On se souvient du feu de paille "Monster" Mike Welch qui à 17 ans passa en direct dans feu "Nulle Part Ailleurs", je ne sais pas si vous vous rendez compte ma bonne dame... Plus proche de nous encore : Jonny Lang, dont on fit une vedette internationale à 16 ans, accessible à la ménagère de moins de 50 ans grâce à Lolo Boyer et son "Graines de Star". Avec en prime sa belle petite frimousse sans la moindre trace d'acné... N'oublions pas la France avec Nawfel. Cocorico, nous aussi, on a des jeunes qui n'en veulent.

Le phénomène ayant pris à moitié (on ne la fait quand même pas comme ça au public avertit du Blues), nos bonnes amies des maisons de disques nous refont le coup avec la Soul, musique remise au goût du jour par l'intermédiaire du pourrave R&B (prononcez Areunebi). Le nouveau phénomène s'appelle désormais Joss Stone. Anglaise, 16 ans, toutes ses dents (cette normal à son age), blonde, un premier album de reprises de classiques de Soul Music sorti en février 2004 "The Soul Sessions". Campagne marketing réussie : son nom et son joli minois sur les murs de Paris, de Suisse et de Navarre, et un passage dans le très tendance "En aparté" sur canal, c'est vous dire ma bonne dame si elle est prometteuse...

Pourtant tout ce battage médiatique est souvent bien peu justifié. Tics techniques, trucs et effets de manche, influences beaucoup trop évidentes, répertoire faible ou peu original, voix faiblarde... Et surtout le péché mignon : surproduction et standardisation. Pourquoi Joss Stone et pas Candye Kane? Ben je vois pas! Ou plutôt je ne vois que trop bien les grosses ficelles.

Je suis cependant loin de dire que tous ces artistes ne valent pas un clou. Vraiment très loin de là. Ils sont prometteurs. C'est une évidence. Laissons leur simplement du temps. Le temps de la maturité. Le temps de trouver leur personnalité. Et de devenir des anciens. Des bons. En attendant, tiens, je me remets un bon vieux BB, et ben oui ma bonne dame, c'est comme ça.

 
janvier et février 2004
"Soyons exigeants !!" par Edouard.
 

Oui tout à fait!
Marre de la médiocrité ambiante, où tout le monde semble se contenter du minimum, de l'à peu prêt ou du presque bien.
Marre du formatage qui gomme toutes les singularités de l'artiste, toute individualité, toute personnalité.
Marre de l'omniprésence de quelqu'uns qui squattent toute la place médiatique et étouffent leurs camarades.
Marre des maisons de disques qui nous prennent pour des pompes à fric et qui maintenant viennent chialer dans nos oreilles à cause du piratage.
Et ne croyez pas que ces maux ne touchent que le monde "commercial" de la variété, du Rock ou de la Pop. Ils sont présents dans le domaine du Blues, certes à une moindre échelle, mais prenons garde à ce qu'ils ne viennent pas ternir notre musique préférée.

Buddy Guy ou Lucky Peterson peuvent être meilleurs; ils doivent être bien meilleurs en concert disons le clairement! A force de vouloir élargir leur audience au grand public, ils vont se couper de leurs spectateurs de base et quand la mode sera passée...pfuittt... Idem pour le très marketté disque de BB King "Reflections" (et dieu sait pourtant que je l'adore) ou le faiblard dernier album des Blind Boys of Alabama. Que penser de tous ces disques blues-rock produits par Jim Gaines ou de l'écurie de Popa Chubby? Tous les deux ont un talent indéniable mais ils nous servent la même recette et donc la même soupe depuis plusieurs années. Disons le encore haut et fort. Dans les festivals ou tout au long de l'année, on voit souvent les mêmes noms programmés à l'affiche. Avez vous pu échapper à Ana Popovic cet été? Enfin le Blues n'échappe pas à la tentation du tiroir-caisse. Le label Ace après avoir publié un superbe coffret 4 CD des premiers enregistrements de BB King ("The Vintage Years") réédite en CD les 13 premiers albums du King. Ou comment le fan mettra deux fois la main au porte monnaie. Bravo!

La qualité et la diversité existent; la preuve l'année 2003 a vu d'excellentes choses! Les concerts de Big George Jackson, de Roomful of Blues ou Lurrie Bell étaient tout simplement excellents. Buddy Guy est revenu à la vie sur disque, Sam McClain également! De nouveaux venus apparaissent (je pense à Richard Johnston) ou d'autres enfoncent le clou et s'installent pour longtemps (Jimmy Burns et son dernier album "Back to the delta" sur Delmark). Et le Blues français continue de prendre de l'ampleur et d'enflammer Cognac à chaque fin juillet.

Soyons exigeants! Demandons la perfection à chaque fois! Et n'ayons pas peur de nos opinions, il faut dire ce que nous pensons tout simplement pour notre crédibilité. C'est nous rendre service et rendre service au Blues.

 
novembre et décembre 2003
"BB King pardi " par Edouard.
 

Bien sur encore et toujours lui pour notre plus grand plaisir. Alors que vient d'être publié son dernier album "Reflections" (composé de reprises de standards variétés/pop américains), est sortie quasiment en parallèle une biographie consacrée au plus grand et plus célèbre des Bluesmen. Enfin un livre tout en français, siouplait, digne de ce nom, passionnant et bien écrit.

L'auteur n'est certes pas un inconnu puisqu'il s'agit de Sébastian Danchin ; collaborateur à SoulBag et auquel on doit déjà l'excellente "Encyclopédie du Rhythm&Blues" sortie chez Fayard l'an dernier. Et Ô surprise on apprend, dès la première page de l'avant-propos, que Mr Danchin avait fait venir en son temps à notre cher festival Nancy jazz Pulsations Otis Rush, Buddy Guy, Junior Wells ou bien Son Seals... Puisqu'on vous dit que c'est un bon !

En fait il revisite et complète grandement une première version de la biographie de BB King parue il y a une dizaine d'années de cela. Tout la vie de BB y passe. De sa naissance dans une plantation de coton dans le coin d'Indianola Mississipi, en passant par Memphis, ville qui lui restera éternellement associée, jusqu'à la sortie en 2003 de son dernier disque ("Reflections", je le rappelle pour ceux qui suivent pas). On y apprend l'origine du fameux "B" de son véritable nom Riley B. King (me demandez pas, je dirai rien dans cette chronique !), l'origine de son jeu de guitare si caractéristique (allez je sors de mon mutisme, j'vous l'dit : ben BB était nul en slide !!!) alors il a développé une technique pour imiter la slide avec ses doigts, si, si je vous jure, c'est écrit dans le bouquin), l'influence majeure sur sa carrière de son manager Sid Seidenberg (tout est planifié depuis 1966, si, si je vous jure, c'est écrit dans le bouquin) et enfin son idolation pour des artistes comme Django Reinhardt, Lowell Fulson, Charlie Christian, Nat King Cole, Louis Jordan et bien d'autres...

Evidemment les grands thèmes de la vie de BB sont relatés rigoureusement avec moult précisions : ses débuts en tant que chanteur de gospel, puis sa montée à Memphis en tant qu'animateur radio pour la WDIA, sa progression dans les sphères du chiltin' circuit, les années de doute pendant les 60's, la célèbre histoire de sa guitare "Lucille" (qui lui a véritablement sauvé la vie plusieurs fois, mais faut lire le bouquin) et enfin l'accomplissement de tous ses efforts en devenant Le Bluesman Universel.

Ce livre est non seulement une source de renseignements intarissables mais Sebastian Danchin se permet de développer quelques théories intéressantes et surprenantes : on a rarement évoqué le fait que BB King aurait pu mettre un terme à sa carrière en 1966 pour ouvrir une station service/motel, il n'a en effet continué ses tournées que pour payer le FISC... intéressant, non?
Sebastian Danchin évoque également le fait que BB King par son omnipotence et sa prédominance sur le monde du Blues écrase un peu la créativité de ses confrères... surprenant, non?

Alors pour tout fan qui veut en savoir plus, ce livre est chaudement recommandé. C'est une mine extrêmement documenté; chaque citation de BB King (ou d'un autre) est datée, la source est mentionnée et le propos est replacé dans son contexte si nécessaire. De plus une discographie "presque" exhaustive (j'attends de pied ferme le gars qui dira être capable d'en pondre une) est fournie en fin du bouquin : de "Miss Martha King" (enregistrement Bullet 309 datant de septembre 1949) à "A Christmas celebration of hope" (enregistrement MCA 112 7536-2 de 2001). Manque "Reflections" mais c'est pas bien grave.

Il s'agit donc bien là de l'ouvrage de référence sans discussion possible.

BB King - par Sebastian Danchin - Fayard - 20 Euros
 
octobre 2003
"Disques autoproduits" par Vince.
 

Pauvre industrie du disque, les temps sont rudes ! La faute à qui ? Aux pirates, pardi ! Au moins pour une fois ce n'est pas la faute aux Roms… Surtout que ces pirates sont bien loin des Caraïbes et sommeillent en chacun de nous. Qui n'a pas dans sa discothèque un CD gravé, sauvagement piraté sur cette machine infernale appelée ordinateur ? Oui je sais certains mettent un point d'honneur à ne posséder que des disques originaux, mais un dérapage arrive si vite, et une fois suffit ! Il en est de même de toutes ces bases d'échanges internet qui permettent de télécharger gratuitement (diable !) n'importe quel morceau de musique au format mp3.

Alors on nous annonce la mort de l'industrie du disque ! Franchement, sincères condoléances et puis voilà. Peut être qu'avec un peu (beaucoup) plus de qualité, on leur ferait encore confiance, mais là c'est une autre histoire.

Plus sérieusement, regardons comment se compose cette industrie. D'un coté une fourmilière d'artistes, de créateurs, qui vont de galères en galères avant que l'un d'entre eux perce. De l'autre, une industrie surpuissante, consensuelle, réduite à quelques grands groupes universels qui n'attache guère d'importance à la création tant que les dollars entrent. Ces 2 groupes sont liés et ont besoin l'un de l'autre. Le premier attendant plus ou moins patiemment que le second pioche dans la masse ce qui lui semble rentable au meilleur rapport qualité/prix.

Mais la technologie d'aujourd'hui permet de s'affranchir de ce passage par la case " Major " ! En effet si la duplication de CD chez soi conduit à une mort de tout le système, soyons objectif, tout travail mérite salaire (même un travail artistique !), on peut imaginer avec le même matériel que n'importe quel groupe auto produise ses propres disques, le Home Studio (du simple PC au matos professionnel) étant par ailleurs à la mode. Les moyens informatiques permettent par derrière de réaliser le travail graphique (jaquettes…), et internet et toutes les formes de web communication d'assurer promotion, diffusion et vente. Certes tout n'est pas si évident, mais il est clair que le véritable enjeu pour les grandes maisons de disques aujourd'hui est de préserver leur marché jusque là protégé car trop technique, face à une auto production qui pourrait avec les moyens actuels et plus encore futures, les shunter complètement.

Bien entendu, il faut relativiser, la menace n'est pas si énorme mais elle existe. L'idée est là et déjà certains se sont faits connaître via internet… Alors comme on dit : l'histoire nous le dira !

Tiens tant qu'on y est, à quand la TVA à 5 .5% pour les disques ?

 
septembre 2003
"La bœuf mode" par Vince.
 

Rumsteck, bavette, araignée, poire, entrecôte… amateur de bœuf, vous êtes servis ! D'autant plus que le tout est entièrement gratuit ! Pas mal.

Trêve de plaisanteries, le bœuf en question est bien entendu (faut il le préciser) ce qui est aussi connu sous le nom de jam sessions ou impros entre copains… Et ce genre de raout festif est à la mode. Servi à la sauce jazz, blues, rock ou chanson française, c'est la dernière trouvaille des patrons de bar. Vous l'aurez compris, alors qu'un groupe de musique coûte non seulement en boissons, repas ou défraiements, il représente aussi un coût en salaires (et ouais, tout travail mérite salaire !). Alors nos chers tenanciers au portefeuille si étroit lorsqu'il s'agit d'animer leurs établissements, ont bien compris qu'un bœuf est réalisable en offrant quelques canettes aux différents intervenants. Point barre.

L'inconvénient : un bœuf est en général improvisé, le tout peut donc être aléatoire, la musique passer outre la soirée. Mais qu'importe puisque le public est au rendez vous. Si la surprise est bonne, autant être là. D'autant, que si l'on est malin, il suffit de convier régulièrement les mêmes intervenants, un répertoire prend forme petit à petit, et le tout est plié : on obtient un groupe construit et gratos ! Enfin, tant qu'on y est, ne pas oublier de majorer les consommations, le public peut bien y mettre du sien !

La question à se poser est donc : faut-il ou non participer à ce genre de soirées lorsque l'on est musicien ? Si l'évènement est ponctuel ou se fait de manière spontanée, un bœuf est toujours l'occasion de partage, rencontres et confrontations musicales. Il peut même être l'occasion de se présenter aux différents bars et devenir un espoir d'engagement futur. D'autant plus qu'un bœuf permet aussi à de jeunes musiciens d'affronter un public, d'acquérir une expérience autre que celle de son garage…

Mais lorsque ces soirées jams commencent à trouver une scène et un rythme chronique, il s'agit tout simplement d'un attentat aux professionnels de la musique. Et il devient alors nécessaire d'encourager les différents musiciens à ne pas se rendre à ce genre de requiem, non pas pour les priver d'un plaisir à se retrouver mais afin de stopper une tendance à la musique facile qui une fois de plus ne sert qu'à enrichir encore un peu les tiroirs caisses de bistrots à la morale inexistante et à l'avarice exacerbée.

Chers musiciens, si vous voulez encore manger du bœuf avec vos carottes, prenez garde à la bœuf mode !

 
été 2003
"métablues sous les palmiers" par ni Edouard, ni Vince, ni Thierry.
  Imaginez métablues sous les cocotiers, les doigts de pieds au bord de l'eau, entouré de charmantes demoiselles en monokini (ou rien du tout), et sirotant Cognac Tonic ou bière sur une chaise longue, distrait par un bon vieux Buddy Guy ! Vous comprenez alors pourquoi cet été 2003 ne fut propice ni au coup de gueule ni au coup de coeur (quoiqu'en repensant aux demoiselles...) mais plutôt au coup de soleil ! (note pour l'été prochain : arrêter la bière !)
 
juin 2003
"P'tain y refait du Blues!!" par Edouard.
 

Oui, exactement, on en croit pas nos oreilles. "P'tain y refait du Blues!!" qu'on se dit. Vu que ça fait quand même 12 ans bien tassés que le lascar n'avait rien fait de correct...

Passons sur le très controversé et opportuniste "Sweet Tea", Mettons directement à la poubelle l'inaudible "Heavy Love", Restons discrets sur les insipides "Feels like Rain" et "Slippin' In", Rien à sauver sur le mercantile "Buddy's Baddest", Encore moins sur "Live! The Real Deal" si caractéristique des errements du bonhomme, Soyons indulgents pour le soporifique "Last Time Around - Live at Legend" avec Junior Wells, Seul le marqueté "Danm Right I've got the Blues" mérite notre attention; il avait permis de relancer plus ou moins la vague du Blues en 1991.

Vous l'avez compris, nous parlons ici évidemment de Buddy Guy, une des dernières légendes vivantes du Blues après BB King... Le Docteur Jekill et Mister Hyde du Blues, capable du pire comme du meilleur.
Le pire sur disque nous venons de l'évoquer, le pire également sur scène. Totalement inconstant, incapable de terminer un morceau en moins de 15 minutes (quand il le termine), attaquant 36 morceaux sans queue ni tête, cabotinant en faisant son Hendrix, son John Lee, son SRV, son Chuck Berry et tutti quanti, pédant à la limite de l'orgueil, et au final ne jouant et ne chantant que très peu de blues...Pour s'en convaincre, il suffit de poser sur sa platine l'horrible live à la pochette rouge "Live! The Real Deal" où il transforme "My Time after awhile" ,perle de 3 min tout en rage contenue, en une énorme boursouflure interminable et grossière.

"My Time after awhile" tiré du meilleur de la période Chess ("His complete Chess recordings") où Buddy, débutant, accompagnait Muddy Waters. Le sommet de Buddy Guy reste indiscutablement "A Man and the Blues" chef d'oeuvre absolu tiré de sa période Vanguard pendant laquelle il excella comme le prouve également "Hold that plane" ou "This is Buddy Guy". N'oublions pas également les années de vache maigre avec son complice Junior Wells où ils gravèrent ensemble quelques faces remarquables ("Buddy Guy and Junior Wells play the Blues"). Quelques éclairs encore pendant les années JSP puis la traversée du désert et le retour médiatique des années 90 évoqué ci-dessus qui ne vaut pas tripette...jusqu'à aujourd'hui.

Viens de sortir dans les bacs tout beau (superbe pochette), tout chaud son nouvel album "Blues Singer". On nous le promettait acoustique, on était dubitatif...A tort. Fini l'esbroufe à deux balles, le mur du son, la surproduction et tout le tintouin. Il est revenu à des choses plus simples, plus calmes et posées. "Blues Singer", et Buddy chante effectivement le Blues. D'entrée de jeu, on est conquis par sa voix sur "Hard time Killing Floor". Puis immédiatement viens "Crawlin Kingsnake" avec BB King et Eric Clapton se fondant avec bonheur dans le tempo. Le Blues est bel et bien présent partout et jusque dans le titre des morceaux : "Lucy Mae Blues", "Black Cat Blues", "Bad Life Blues" et encore "Lonesome Home Blues".

Alors on ne peut que s'écrier à l'écoute de cet album "P'tain y refait du Blues!!" Pas encore l'album de la décennie mais il nous réconcilie haut la main avec Buddy Guy. Le bougre est annoncé (exclu Métablues bien sur) le 17 octobre 2003 dans le cadre du NJP. Espérons simplement que sa prestation scénique soit du même tonneau que ce dernier album...

Buddy Guy - "Blues Singer" (Silverstone Records)

 
mai 2003
"Et tes pilules Frank?" par Edouard.
 

Dans le dernier numéro de Blues Magazine (notre partenaire au demeurant), N°28 avec Muddy Waters en couverture, on peut lire une remarquable interview du guitariste français Frank Ash (ça change de la déplorable interview de Byther Smith dans le même numéro). Ce dernier, surtout connu pour avoir été l'accompagnateur de feu Screamin' Jay Hawkins, n'y va pas avec le dos de main morte et balance ses vérités...

Extraits choisis :
"Et je ne parlerai pas de certains qui font croire (...) qu'ils sont les nouvelles figures emblématiques et incontournables du Blues, le tout emballé dans un discours emprunté de fausse philosophie et de vraie bêtise (...)". Et pan dans les dents... à Migthy Mo Rodgers? Sans aucun doute! et il continue : "... et qui sont incapables de jouer correctement leur album sur scène". Hum, hum, il est bien sévère notre camarade Frank. Plus loin, on découvre également : "Du coup le Blues est atteint d'une maladie incurable qui s'appelle le purisme". Et vas y d'un grand coup de pied dans la fourmilière des blueseux!!!

Telle est l'opinion de Frank, réduite au travers des quelques extraits que j'ai sortis de l'interview, il s'agit donc de lire l'article en entier pour juger de la pertinence des arguments de Frank Ash. Mais Frank, en secouant le cocotier, nous fait nous interroger sur nous même et sur notre musique préférée. Merci Frank!

A Métablues, le fait est que l'on ne peut vraiment pas nous taxer de puristes! Avec le tel méli-mélo de genres et de musiques que nous vos proposons (cf. notre sélection de disque par exemple sur ce site), c'est souvent un beau bordel organisé. Nous diffusons à l'antenne tout ce que nous aimons, c'est pas dur... Du Blues donc, de la soul (beaucoup trop pour certains de nos auditeurs), du rock (et dieu sait qu'on aime ça aussi), de la country, du gospel, de la variété française (hé oui, Mano Solo, Miossec sont peut être des bluesmen made in France), de temps en temps du jazz, du hard rock (je me rappelle d'une émission que nous avions rebaptisée Métarock il y a quelques années entièrement consacrée aux bourrins Pantera "Fucking Hostile" and Co) et toute musique fusionnant de près ou du loin tous ces genres.

Blues fusion!! avec le Rap de Chris Thomas, avec le psychédélisme de Snowy White, le sudisme des Lynyrd, la soul de Mighty Sam, le n'importe quoi de Little Axe, ou la guitare énervée de Warren Hayes...et j'en oublie (notamment la prise de tête de James Blood Ulmer).

Mais n'oublions pas non plus que le Blues est notre fond de commerce et notre premier amour. Alors gaffe quand même avec ce qu'on fait avec! Toute ouverture ou évolution doit se faire dans le sens d'une création artistique et non commerciale. Les exemples de dérives dans d'autres genres sont foison et attendent le Blues au coin du bois. Que penser en effet d'André Rieu pour la musique classique, des Gyspsi King pour le Flamenco, de la Star Ac' pour la chanson française? Et tous les ersatz?

Le danger ne s'appelle pas "purisme" mais "édulcoration", "appauvrissement", "nivellement", "perte du sens", ou bien encore "produit" et "rentabilité".

Que penser de Poppa Chubby?
Tiens je vais demander son avis à Frank Ash

 
avril 2003
Trophées France Blues. par Edouard.
 

A l'occasion du concert d'Anson Funderburgh & Sam Myers au New Morning de Paris le 24 mars 2003, s'est déroulée la remise des trophées France Blues. Le grand manitou Alain Rivet épaulé de not'René Malines officiaient lors de la remise de ces récompenses. Cette soirée, pourtant loin d'être désagréable, est nimbée d'un énorme flou artistique (on se croirait dans X-files) et suscite quelques interrogations voire quelques reproches (Houlala).

Commençons par le commencement et le fonctionnement de ces Trophées. Personne ne sait comment ils fonctionnent...Not'René lui même avouait dernièrement sur le forum de la gazette de Greenwood, sa totale ignorance. Il reçoit un coup de fil d'Alain Rivet, ils boivent une bière (à Métablues, on en boirait plusieurs mais bon), il lui file la liste des nommés et roule ma poule c'est fini! Qui constitue le jury? Comment sont choisis les nommés? Comment sont ils élus? Qui fait la cuisine et kes kon mange? Rien, on ne sait rien. Seul le grand mufti Alain Leadfoot Rivet détient le savoir absolu et sait à quelle heure on mange...

Bon, passons sur cette opacité et tachons d'analyser les résultats...ça y est, j'ai dégoté mon microscope à balayage électronique. Tout d'abord, nous remarquons une profusion de catégories : France, Europe, International (et la voie lactée?) et sous genres : guitare moderne, guitare traditionnelle, guitare femme, guitare slide, guitare acoustique...pas encore de guitare martienne mais ça va viendre. Au total 37 trophées devaient être décernés, 40 ont été donnés en comptant les ex aequo. Un record! Presque un pour tout le monde et un pour tata. Ajoutez à cela, des nominations franchement bizarres : Dan Boney Fields ou Peter Nathanson dans les catégories françaises (véridik!), Peter Green ou Johnny Winter en tant que meilleurs guitaristes alors qu'ils sont incapables de jouer (maintenant) plus de trois notes... Pour augmenter la franche confusion, n'oublions pas de dire que tout est à géométrie variable, un coup c'est 3 nommés, un coup c'est 6. Va t'en comprendre Charles. C'est de la bonne rigolade! Trophée France Blues du plus grand Bluesman/Blagueur : Alain Rivet (haut la main)

Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain... Un peu de transparence et de discipline ferait énormément de bien à ces trophées; c'est à dire finalement peu de chose. Reste que l'on passe une soirée agréable (pas l'extase non plus, faut pas pousser mémé) à l'écoute d'artistes talentueux. Hé oui, ceux qui remportent les trophées c'est quand même pas les plus mauvais. Y'a donc une certaine cohérence ma bonne dame. OUF!!

Espérons que ces critiques, qui sont partagées par une majorité de la French Blues Community (Yeah), atteindront les oreilles du grand précieux Leadfoot. Et surtout longue vie aux trophées France Blues

 
mars 2003
So long Johnny. par Edouard.
  Blues, Blues Rock, Rock tout court, Gospel, Soul ou bien Sudiste, les styles de musique proposées par Métablues sont variés. Point de purisme tatillonneux avec nous. Vaut mieux un bon Led Zep qu'un mauvais Popa!

C'est pourquoi nous ouvrons l'antenne de temps en temps à la Country... Pas n'importe laquelle, non plus. Pas celle choucroutée de Dolly Parton, ni celle asceptisée de cette saucisse de Garth Brooks. Mais une Country qui va droit au coeur et vous prend par les tripes, celle de Johnny Cash.

Johnny Cash à 71 ans nous propose le quatrième volet de sa saga American Recordings : "The man comes around". Proposé par Rick Rubin (producteur émérite d'un paquet de Rock stars), le principe des "American Recordings" est d'enregistrer Johnny en acoustique, avec un accompagnement minimaliste, reprenant ses propres chansons ou des compositions d'autres artistes.

Les trois premiers volets étaient splendides, rencontrant un succès critique unanime, la reconnaissance vis à vis du grand public arrivant essentiellement avec le superbe troisième opus "Solitary Man". "The man comes around" est dans la même veine, faite de solitude et de tristesse. La voix de Johnny Cash, toujours aussi profonde, est poignante sur tous les titres. Qu'il reprenne Trent Reznor de Nine Inch Nails avec "Hurt", les Eagles et leur "Desperado" ou bien les inattendus Depeche Mode avec "Personnal Jesus", il réussit à chaque fois le tour de force de l'appropriation totale du morceau. Toutes les chansons sont à lui et portent sa marque. L'accompagnement est acoustique et discret, guitares sèches et orgue principalement. Nick Cave ou Fiona Apple viennent prendre un cours de chant avec lui. Il nous distille également quelques anciens titres, à commencer par "The man comes around" en ouverture, "Danny Bou" ou le vindicatif "Sam Hall". L'ensemble forme une Country dépouillée, sans autre artifice que la voix de Johnny Cash, sublime et véritablement émouvante.

Comble de l'émotion sur le dernier titre "We"ll meet again". On peut le prendre comme un adieu de Johnny Cash à son public. Sorte de Te Deum aux paroles on ne peut plus explicites : "We'll meet again, don't know where, don't know when..." Johnny, pourtant moins malade et fatigué que pour "Solitary Man", nous livre ici son testament... A prendre le cœur léger, puisqu'il part en chantant "Tell every people I know, they 'll be happy to know, that I've been singing a song..."

So long Johnny.

Johnny Cash "American IV : The man comes around" - 2002 American Recordings (Mercury)
Johnny Cash "American III : Solitary Man" - 2000 American Recordings (Mercury)

 
février 2003
Lettre à Soul Bag suite au débat sur le show de Bobby Rush à Cognac. par Edouard.
 

Nous sommes (en bons lorrains) souvent les premiers à rire grassement de blagues à deux francs, à être scatophiles et à parler de cul. Nous n'avons donc pas été choqués ou dérangés par le spectacle de Bobby Rush mais insensibles à sa prestation. Voila ce que j'ai écrit à son propos :

"Là encore je ne suis pas un fan de son funk/soul/blues salace. Une danseuse remuant son énorme popotin (magistralement certes) constitue la principale attraction du concert. Coté musique et chant c'est carrément pas terrible. Il faut comprendre les paroles, les interventions et les commentaires à caractère uniquement sexuel pour apprécier le show. C'est tellement kitsch et lourdingue que l'on peut aimer au second degré. Ce n'est pas mon cas."

La musique de Bobby Rush ne nous a pas touché, ne nous pas fait danser ou chanter, ne nous a pas donné de frissons le long du dos ... ou tout simplement envie de l'applaudir. Qu'il fasse son spectacle assis en salopette, au premier ou au second degré, en le dissociant ou non du contexte social et culturel, le résultat aurait été, pour moi, kif kif. J'ai en souvenir :
- beaucoup de parlottes et pas beaucoup de chants,
- des interventions "cheap" à l'harmonica,
- une basse trop ronflante à mon goût (mais c'est discutable),
- un groupe quelconque au son "variétés",
- un répertoire et des compositions peu émouvantes, peu entraînantes et même pas marquantes.

Dans un style tout aussi affriolant, le concert donné par Sandra Hall lors de la dernière Bagneux Blues Night était d'un tout autre tonneau. Pourtant les poses étaient également suggestives, les roulements de fions et les balancements de nichons omniprésents. Le public a largement participé à son show (surtout un petit veinard) et a grandement apprécié car la musique était au rendez-vous. C'est ce qui fait pour moi la différence entre ses deux concerts.

Alors interrogeons-nous non pas sur la vulgarité du show, le contexte social et culturel, ou "le sceau de la norme européenne et de son Gold Standard" (kes?), mais bel et bien sur la qualité de la prestation musicale! Vous me répondrez sans doute que "Bobby Rush est un tout indissociable"... je vous rétorquerai alors "Ben j'aime pô!!" (la liberté d'appréciation est le minimum syndical requis).

 
janvier 2003
Toujours plus… par Vince.
 

Bienvenue dans l'univers du " plus " ! Alors que chacun semble s'épanouir dans une société qui évolue à la seconde (au passage je ne sais pas comment on mesurera le " encore plus rapide ", avis aux scientifiques…), l'on nous pousse au toujours " plus ". Il est vrai que la consommation a toujours profité du petit truc, le geste commercial, la remise exceptionnelle, la sympathie du vendeur d'aspirateur ou je ne sais encore quel artifice… Mais à considérer la multiplicité de l'offre proposée aujourd'hui, et face aux exigences de consommateurs qui dans le tas cherchent toujours à se faire " le moins arnaquer ", les " gadgets en plus " se sont multipliés à leur tour. Simple principe de l'offre et de la demande (ou dans l'autre sens !)…

Bref, en musique, cela s'appelle le bonus track ! La lessive a son cadeau, le cinéma, le making of, etc… Le CD a donc aussi profité de ce geste généreux et s'est donc enrichi de morceaux cachés, d'extraits vidéo, les rééditions ou les " greatest hits " de titres inédits... Petite astuce très maline qui permet de revendre 2 fois la même chose afin de compléter sa collection ! Ne vous inquiétez pas, il existe aussi des best of d'inédits pour ceux qui sont perdus. Parution : tous les ans pour Noël ! Une autre technique consiste au simple " remixage " d'albums récents. La recette : un sample du morceau à remixer collé sur un beat techno (au moins 160 bpm !), le tout réalisé par un DJ new yorkais (ou français).

La technologie avançant, la bonne vieille VHS s'est vue remplacée par le DVD. Pour ne pas faire de jaloux, fidéliser la clientèle à la nouveauté, et peut-être justifier le prix de l'objet, celui ci accueille donc des bonus ! Interview du réalisateur, facéties des comédiens, le making of, la campagne de pub, les " teasers " ou autre storyboard. Tout se vend, ou plutôt tout fait vendre… pourquoi se priver ? Le Seigneurs des Anneaux compte pas moins de 3 DVD d'inédits en plus du film. Au total : prés de 8h d'images !

Si ce truc en plus peut se justifier dans la consommation courante (et encore), il n'en est pas moins dommageable pour les œuvres artistiques dignes de ce nom. Certes la Star Accademy peut s'enrichir du dépucelage de Jenifer par un gorille, la soupe ne tournera pas pour autant (de la merde, même enrichie, reste de la merde !), mais une œuvre doit se suffire à elle-même, et ne doit en aucun cas se soumettre à l'artifice publicitaire ! Car c'est bien de cela dont il s'agit : de la publicité perverse mais bien réelle, visant à faire de la promotion et la différence si un choix s'impose. Cette publicité ne contribue même pas à baisser le prix de l'article (on aurait pu y croire), non, bien au contraire, c'est l'inverse qui se produit ! En aucun cas l'œuvre ne doit être au service de la pub. Alors s'il vous plait, producteurs, maisons de disques, publicitaires, STOP à la pub , on en bouffe suffisamment !

 
décembre 2002
Dans l'air du temps ! par Vince.
  Gardons-nous de tomber trop rapidement dans la critique gâteuse et sectaire, qui par mégarde, nous conduirait à réduire toutes les formes de musiques actuelles à de la sous merde (sucrée ou salée, ça, c'est selon les goûts), ressassant ainsi d'éternels conflits de générations et de cultures. La question n'est pas d'apprécier un style musical aux dépens des autres (Rap et Techno ont par exemple des versants très intéressants), mais de chercher un intérêt artistique ou social au sein d'une œuvre.

Or s'il est bien un courrant musical à la mode insipide et sans saveur, c'est le R n' B ! Conçu par les labos de production Universal and Co à l'aide de quelques règles marketings simples, le R n'B voudrait trouver ses racines dans le Rhythm and Blues ! Pourtant la ressemblance s'arrête au nom, car qui, de Usher ou Cunnie Williams (pastiche de Barry White, une référence !) peut se revendiquer de Fats Domino ou James Brown ?
Même si certains producteurs ont fait fortune avec le Rhythm and Blues, il reste néanmoins un genre émanant d'une réalité sociale avec un réel support musical et une influence qui n'est plus à démontrer. Bien loin de tous ses artistes " kleenex ", à qui on demande simplement de se trémousser sur un playback.

Mais dans l'affaire n'oublions pas les médias qui préfèrent acheter un produit " clé en main ", à bénéfice garanti au lieu de chercher de jeunes artistes de talents (si, si, ça existe !). Le summum étant atteint avec la production à la carte de nos chaînes TV, qui, à grands renforts de Prime Time, répondent au marché par de pales copies de modèles déjà bien blêmes ! Exit même le terme " musique ", la mode est au " son ", le sacro-saint tube de l'été étant désormais remplacé par le son de l'été. En attendant la " tête de gondole de l'été " !

A ce rythme, cette musique éprouvette, aseptisée, assurée sans vache folle, ferait passer les Blues Brothers pour un orchestre de variet', et Robert Johnson pour une animation de foire ! Alors comme dirait l'autre : méfiez vous des contrefaçons !