Le 25 janvier dernier, nous avions le plaisir d'accueillir pour une émission spéciale de métablues : Tony Coleman. Gros évènement pour notre émission qui justifie ce portrait afin que tout le monde en profite un petit peu.
 
merci à Rachel Maucci et Tony Coleman.
 
avec BB King - Aout 2002
Photo : Rachel Maucci
Qui est Tony Coleman ?

Si son nom semble à première vue peu évocateur, même si notre homme est déjà à l'origine de 2 albums dont il a écrit et composé la plupart des titres, Tony Coleman a pourtant accompagné pendant plus de 20 ans les plus grands : Etta James, Otis Clay, Bobby Blue Bland ou BB King (rien que ça…). Tony passe alors sa vie entre studios (jetez un coup d'œil aux jaquettes de vos disques préférés !), et la scène (et on connaît le rythme effréné des tournées de BB King…)

 
En 1999, Tony décide de se consacrer à sa musique, ayant atteint l'apogée de sa carrière de sideman (qui accompagner après 10 ans au service de BB King ?).
Il publie alors un premier album (If it's all night, it's all right) au sein du groupe Silent Partners avec Russell Jackson (bassiste, 7 ans chez BB King) et Mel Brown (guitariste et claviériste, 11 ans chez Bobby Blue Bland, à l'origine de l'excellent Neck Bones and Caviar).
Puis il sort "Out In The Open" (Kingsnake Records KS029) sous son propre nom en compagnie d'invités surprises : Lucky Peterson, Kenny Neal ou Frankie Lee.

 
  En 2002, arrive l'album Travellin' Man (T. CO Records-812-1), toujours avec des invités de marque, et le début d'une carrière européenne avec des concerts annoncés pour cette année ! (et 2 passages en Lorraine à la fin de l'été… on en reparlera !)  
 
Interview de Tony Coleman, réalisée le 25 janvier 2003 par Thierry et Vince, en compagnie de notre traducteur officiel Charles Després (encore merci au passage).

Tony quelle est ton origine ?
Tony Coleman : Je suis originaire d'un petit village prés d'Orlando, Floride. J'ai ensuite habité Orlando, Chicago, Atlanta, New York, Seattle, LA, San Francisco, Houston… à peu prés partout en fait !

  Es-tu de la famille de Michael Coleman ou Deborrah Coleman ?
Tony Coleman : On me pose souvent cette question, est-ce que D Coleman est ma femme, ma sœur, ma mère… il n'y a que la musique qui nous rassemble. J'ai eu l'opportunité de la rencontré au Japon lors d'une tournée avec Otis Clay, mais ça s'arrête là.
  Quand as-tu commencé la batterie ?
Tony Coleman : Quand j'étais en fabrication depuis 4 semaines… rires
Non, en fait quand j'avais 5 ans.

Pourquoi le Blues ?
Tony Coleman : Je n'ai pas vraiment choisi de jouer le blues, c'est le blues qui m'a choisi. Quand j'étais gamin, y'avait du blues partout, c'était tout ce qu'on entendait. Tout le monde était branché blues et un petit peu jazz aussi. En tant que gamin qui grandissait entouré de musiciens de blues tous les jours, toute la journée, je détestais le blues (rires). A l'époque j'écoutais Led Zeppelin, les Beatles, Black Sabbath, et bien sûr James Brown, mais le blues c'était un truc naturel.

 
Pourquoi se lancer aujourd'hui dans une carrière solo ?
Tony Coleman : Lors de ma dernière tournée avec BB King, et après avoir joué avec beaucoup de grands bluesmen aux USA et à travers le monde, j'ai compris que je ne pouvais pas monter plus haut. Je suis allé dans 88 pays, j'ai vu toutes les salles de concert, tous les aéroports, tous les bus de tournée… Au bout d'un moment, il était temps de faire quelque chose pour moi, d'écrire mes propres chansons et d'exprimer la musique qui vient de mon cœur, et mes sentiments liés au monde et au blues d'aujourd'hui.
 
Pourquoi avoir choisi de continuer la batterie tout en chantant, alors qu'en général les bluesmen sont à la guitare, au clavier, mais rarement à la batterie ?
Tony Coleman : J'adore cette question. C'est une bonne question. (merci…). Quand on parle de blues, tout le monde pense à la guitare, aux cuivres, à l'harmonica, au piano (il imite tous les instruments…) mais dans un groupe de blues, il y a d'autres musiciens : il y a le batteur, le bassiste, bien sûr Willie Dixon avec la contrebasse, mais le batteur est toujours derrière.
Le batteur voit les autres musiciens de dos, tout le monde est debout devant la batterie et on ne voit pas le pauvre batteur qui essaie de faire signe derrière ses fûts. Après des années passées au fond de la scène, j'ai commencé à penser un peu à moi, à chanter et écrire mes chansons, et maintenant avec mon groupe, il est temps de faire passer la batterie devant, et mettre les cuivres derrière, les guitares sur les côtés. Comme ça on peut me regarder en tant que batteur, chanteur et compositeur.
N'importe qui dans un groupe de Blues peut être le leader, mais si on n'a pas de bon batteur, on ne peut pas faire de bon blues. Si vous aimez le blues, la prochaine fois que vous allez à un concert, écoutez le groupe, et imaginez le solo du guitariste sans le shuffle de batterie (il tape le shuffle), la guitare seule ne vous fera pas taper des mains. On tape des mains en écoutant la batterie, c'est le rythme qui fait tout ça. Mais malheureusement dans le blues, les gens oublient les parties les plus importantes, et notamment la section rythmique.

Est-ce qu'il n'est pas difficile de sentir les autres musiciens sur scène entouré de ses fûts au milieu ?
Tony Coleman : Non, parce que je suis le moteur. Ce serait difficile pour le moteur de ne pas être le battement de cœur, la pulsation. Si le rythme est puissant, tout le monde peut jouer et se reposer sur moi pour jouer, car à la base la batterie et la basse font la chanson vraiment. La guitare, c'est la décoration, l'habillement, c'est ce qui enjolive : la cerise sur le gâteau. La batterie et la basse sont le gâteau, les autres instruments sont le glaçage sur le gâteau. Vous préférez que du glaçage ou que du gâteau ?

 
 
  Lorsque tu jouais avec BB King, vous avez été un temps 2 batteurs, pourquoi cela et comment vous vous organisiez ?
Tony Coleman : Je dis à BB King tout ce qu'il doit faire… rires. Non, BB est le leader, BB a décidé qu'il voulait que je revienne dans le groupe parce que le batteur qui était là ne donnait pas exactement à BB ce qu'il voulait. Mais BB ne voulait pas non plus se débarrasser de lui et voulait le garder : tous les gens qui jouent avec BB sont comme sa famille. Quand il m'a amené dans le groupe la première fois, c'était comme percussionniste pour jouer des congas, du tambourin etc… ensuite j'ai eu une cymbale ride, puis Charleston, et je faisais du remplissage, alors que l'autre batteur jouait strictement le tempo, le rythme. BB a trouvé que ce n'était pas ce qu'il voulait, et a opté pour 2 batteurs. Au début, l'autre batteur se sentait un peu en compétition, et moi je devais l'écouter, le regarder, pour jouer avec lui, essayer de dominer le rythme et faire ressortir le groove. Si on était resté têtu tous les 2, ce serait devenu le bazar, je suis donc devenu moins têtu pour faire en sorte que le rythme tourne. Et il s'est trouvé que c'était très excitant de jouer ensemble.

Pourquoi avoir invité les Earth, Wind and Fire sur ton album Travellin' Man ?
Tony Coleman : J'ai invité L Peterson à la guitare, à l'orgue, j'ai aussi Jim Pugh du groupe de Robert Cray, et le guitariste et la section de cuivres de Earth Wind and Fire. C'est l'un de mes groupes préférés, j'ai toujours adoré le batteur. Leur musique est très variée et on peut ressentir le blues à travers cette musique, et les cuivres sont tellement bien rodés et frais que ça rend vraiment ! J'ai eu la chance de pouvoir les avoir sur mon disque alors j'en ai profité.

 
The Tony Coleman Band - "Out In The Open" - Kingsnake Records (KS029)
The Tony Coleman Band - "Travelin' Man" - T. CO Records-812-1

 
 

Quelques disques où l'on retrouve Tony Coleman :

  Otis Clay - "Otis Clay Live In Tokyo" - RCA Victor Records
Bobby Blue Bland - "Live At Long Beach" - Independent
Katie Webster - "The Swamp Boogie Queen" - Alligator Records
Frankie Lee - "Going Back Home"- Blind Pig Records
Sonny Rhodes - "Sonny Rhodes" - Independent
Albert Collins - "Live At Antoine's, 2nd Anniversary" - Antone's Records
Silent Partners - "If it's all night, it's all right" - Antone's Records
Kenny Neal - "Walking On Fire" - Alligator Records
Lucky Peterson -"I'm Ready" - Verve Records
B.B. King -"Blues Summit" - MCA Records
B.B. King -"Blues On The Bayou" - MCA Records
B.B. King - "Blues Summit Video" - MCA Video
Matt "Guitar" Murphy - "Way Down South" - Antone's Records
Ike Turner - "Here and Now" - FIS

 
 
Pour en savoir plus sur Tony Coleman, le contacter ou se procurer ses disques : Site officiel : www.tonycolemanmusic.com
Site français : membres.lycos.fr/tonycoleman
Vente de ses CD : www.amazon.com