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Un samedi
soir au stade de France. 29
juin 1985, La Courneuve, le born in the USA tour, j'y étais.
Je ne connaissais rien du Boss et de la bande de la rue E.
Ca n'allait pas durer longtemps mais je ne le savais pas encore,
avant d'entendre la foule reprendre en cur, comme un
seul homme et au quart de tour, le refrain de la chanson qui
donnait son nom à cette tournée mondiale. Frisson
électrique.
24 mai 2003, Stade de France. J'attendais
le moment depuis quelques semaines déjà sans
vraiment en faire un plat. Les meilleures surprises sont celles
auxquelles on ne s'attend pas. Peu convaincu par le dernier
opus du groupe, c'est sans frénésie particulière
que j'attendais la date fatidique. Il faut dire que depuis
l'entame de sa carrière solo, fin 80, la marque de
fabrique Springsteennienne a quelque peu évolué.
Marquant parfois même une rupture singulière
entre le rock'n roll pur jus, au moins dans l'esprit, que
nous assénaient Springsteen et ses acolytes entre 75
et 85. Sans pour autant lui dénier une réelle
inspiration, la nouvelle voie musicale alors choisie tranchait
pour le moins avec la musicalité des précédents
albums, de Greetings from Asbury Park à Nebraska. Ce
changement, le E Street Band du s'y adapter, voire s'y conformer
pour la reformation du combo légendaire dont la réputation
musicale et " on stage " est loin d'être surfaite.
J'avais des craintes donc, même si la perspective d'une
tournée des p'tits gars du New Jersey après
plus de 10 ans de vie séparée, immortalisée
par un album live au Madison Square Garden de NY, véritable
renaissance soit dit en passant, pouvait être annonciateur
d'une bonne performance. Crainte vite oubliée.
18 h, à peine arrivé
devant la scène, on voit se pointer, casquette engoncée
sur la tête et presque méconnaissable, look teennager
, guitare acoustique en bandoulière, le boss pour une
prestation rare et inattendue. Tranquille, tout heureux devant
les fans qui n'en croient pas leurs yeux, il nous gratifie
de 3 morceaux et repart comme il est venu, see you later !
Encore 2 heures à attendre entre les ondées
passagères et les blagues Belges, pas pire.
20 h 30, le show commence alors qu'il
s'est mis à pleuvoir dru depuis peu. Le groupe commence
par une reprise de CCR et " un who'll stop the rain "
de circonstance. C'est déjà du délire
dans le stade ou se sont massés 50000 personnes, rien
que ca. Viennent ensuite 2 titres du dernier album, "
the rising " et " lonesome day " puis "
the thies that bind " et " my love will not let
you down ", c'est de la folie pure, tout le monde saute
littéralement et la messe est dite. Il en sera ainsi
pendant près de 3 heures. Le groupe jouera un répertoire
accès sur des reprises de la période 75-85 en
y incluant de large extraits du dernier album. Exit la période
solo du Boss, 87-95. Le concert alternera entre les morceaux
d'anthologie (jungleland, out in the street), des ambiances
ballades (waiting on a sunny day, trapped ) et un registre
intimiste en duo avec the first lady of the Band. Moments
introspectifs ou le silence est requis, pour mieux rendre
hommage aux héros malheureux qui illustrent parfois
les textes des chansons du Boss. Tout ça sans délaisser
pour autant les instants d'énergies pures et condensées
(badlands, the promised land, be true ) ou tout le monde reprend
en cur, un tel en yaourt et moi le premier, les refrains
des chansons. Mais que dire de la musique si on ne parle pas
des clowneries et des simagrées du Boss, il n'arrête
pas ! Tantôt debout sur le piano, une autre fois pendu,
la tête en bas, au pied de son micro, du jamais vu en
ce qui me concerne, cavalant, glissant, j'en passe et des
meilleures, parcourant la scène de long en large, il
en fait des tonnes pour le plus grand bonheur de l'assistance
subjuguée. Le spectacle est unique et le E Street Band,
Clarence Clemons et Steve Van Zandt en tête, ne se compare
à aucun autre groupe, toute prétention gardée.
C'est leur truc, leur créneau, il le font depuis prés
de 30 ans et toujours avec la même joie, partagée,
même si on sent bien qu'ils le font chaque soir, rien
à foutre, du reste !
Bémol à ce concert oserais
je dire mémorable, le son. A trop vouloir gagner sur
l'aspect visuel du show, on a du coup bénéficié
d'une sonorisation trop moyenne qui devait gagner en qualité
lorsque l'on s'éloignait de la scène. Cela peut
s'avérer être un sérieux handicap pour
ceux qui ne connaissaient pas grand chose au répertoire.
Mais quand même, ils ne devaient pas être nombreux
à Saint Denis ce soir la à repartir insatisfait.
Pour ma part et vous l'avez déjà compris, après
deux rappels, dont un de 20 min " pur rock ", clôturés
par un dancing in the dark qui a fait dansé tout le
stade, j'en redemandais encore !
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