Nancy Jazz Pulsations

9 au 23 octobre 2004

Par Vince. Photos promotionnelles.

 
 
   

Retrouvez ici le compte rendu complet du NJP 2004. En effet l'occasion nous étant donnée d'assister à la quasi totalité des concerts, nous ne pouvions nous contenter de nous focaliser sur les seules soirées blues. Voici donc les concerts que nous avons vus. Nous avons malheureusement raté la soirée funk avec Amp Fiddler, Roy Ayers et Maceo Parker, qui se poursuivait au Magic Mirror avec Sugarman 3 et Lee Fields, la soirée au Vertigo en compagnie de Lobi Traoré et Laïka Fatien, ou les concerts du chœur gospel : Sjuwana Byers and The Children of God. Ce sera pour la prochaine fois. En attendant...

 
 
    Rachid Taha

16 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Excellente surprise ! Je connaissais Rachid Taha pour son groupe Carte de Séjour (d'un autre temps) ou pour différents extraits qui avaient peu marqué mes oreilles, mais il faut dire que cette prestation est loin de m'avoir laissé indifférent. Pour faire simple, la musique de Taha est un mix entre rythmiques " rock ", complétées par des instruments traditionnels (luth, oud, derbouka…), avec en fond quelques boucles synthétiques plutôt bienvenues. Le résultat est captivant, enivrant à souhait, voire hypnotique ! On est entre la musique couscous, la variet' camembert ou le rock ketchup ! C'est très bon.

 
       
  Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra

16 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Dans la famille "looser", ou plutôt "modeste", suite des événements. Ne voyez pas là une critique, mais la cohésion du groupe de Taha ne laissait déjà peu de place à son leader relégué à son rang de "simple" chanteur, pour Kusturica, rebellote, notre Emir n'a qu'un trône " prête-nom " !
En effet, le No Smoking Orchestra pourrait très bien se passer de son meneur reconnu à juste titre pour son talent de réalisateur (Underground, Chat noir/Chat blanc, La vie est un miracle…), mais dont les qualités de guitariste restent plus marginales.

 
    On découvre encore cette fois un groupe soudé, cohérent, mêlant musique traditionnelle yougoslave, à un néo ska-punk efficace, dansant : le "unza unza"! Dr Nelle, le chanteur et leadeur officieux, n'a rien à envier à n'importe quel chanteur de hard rock, il saute partout, cherche le public, tient son rôle avec conviction et un anglais-balkanique charmant, si ce n'est quelques kilos disgracieux qui cassent un peu le mythe du chanteur une fois torse nu ! Attention à la potée lorraine !
Les musiciens s'éclatent, le public aussi, c'est la fête sur scène et dans le chapiteau. Que dire de plus ? Chaude ambiance et une découverte…
 
 
   

La Pépinière en fête

17 octobre 2004 - Chapiteau et Magic Mirror
Cet après midi est en général destiné à promouvoir la scène locale et régionale, et permet aussi de faire passer des artistes " découvertes ". Malgré un temps pourri (pluie et froid), on a pu profiter de quelques beaux concerts. Tout d'abord le groupe de chanson/swing-musette/amusante Ravid'vour'voir présentait son nouvel opus. C'est vraiment bon. Tinariwen était annoncé comme un groupe de blues touareg en provenance du sahara. Pour le blues on repassera, mais coté intérêt musical, ça vaut le coup d'oreille. Imaginez de la musique touareg avec de la guitare électrique, des voix sublimes, et tout le monde habillé en en prêt à porter désertique ! Avec une température de 45 degrés, on s'y serait cru ; dommage il faisait 10 à tout casser ! Aux plaisirs de la musique se sont joints la beauté de Cibelle : ex-top model (ça se voit), celle -ci se reconvertit dans la bossa nova electro ! Soit belle et chante… On a pu aussi apercevoir Brisa Roché ou Lucas.

 
 
    Paris Combo

18 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
De la chanson jazz ! Si vous les connaissez sur disque, vous ne serrez pas déçu pas la scène. Fort de 4 albums, notre quintet multiculturel livre un show tout en douceur, intimiste aux inspirations diverses. On regrette presque le manque de convivialité qu'offre la salle. Les musiciens sont simplement excellents : guitare manouche, basse " jazzy " monstrueuse (et quelle voix ce Mano Razanajato…), ou encore la belle et gracieuse chanteuse Belle du Berry, un brin provoc ! C'est original, plaisant et bien fait. Et en plus ils jouent " living room " en rappel. Mention Très Bien.

   

 

    Miossec

18 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Alors là, non ! Les génies alcooliques on en connaît, des écorchés vifs aussi, mais tout le monde n'a pas le talent d'un Gainsbourg ou d'un Brel ! Et pour couronner le tout, le niveau sonore est à la limite de l'insupportable. C'est sans intérêt et une bonne partie du chapiteau filant aussi sec, confirme ma pensée. Heureusement qu'y a la buvette !

 
    Sex Mob

19 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
"Fuck George Bush" ! Le message est clair et provient de Steven Bernstein, trompettiste, et anti-W à ses heures. Ce groupe est très difficile à décrire. Tout d'abord parce que les Sex Mob ne font pas à proprement parlé quelque chose de musical : d'harmonique pour ne froisser personne. C'est parfois déroutant, soudainement intéressant, puis chiant. Un groupe à contraste variable ! Mais y'a pas à dire, ces quatre types sont débordants d'énergie, pris de folie musicale. Reste à le faire partager sur la longueur.
Un conseil pour les débutants, appréhendez les Sex Mob par leur dernier album Sex Mob Does Bond plus orienté à nos oreilles de mécréants…

Steve Coleman and Five Elements

19 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Je l'aime un peu, beaucoup, a la folie, pas du tout ! C'est une question de goût et uniquement de goût, car au niveau musical, rien à dire ça joue. Le groupe paraît tout jeune, genre 25 ans toutes ses dents, mais chaque membre connaît son biniou. Une chanteuse enrichit le tout, ça frôle l'expérimental, ah non, ç'en est ! Steve est là, à l'aise dans ses baskets au milieu de ses Five Elements (plutôt Six ce soir). Un premier morceau de 25 minutes, un deuxième d'au moins 17, le troisième m'est fatal. J'abdique.

 
 
    Richard Galliano

20 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Un quintet de cordes, un piano, Galliano et il fait chaud ! Dingue pour un mois d'octobre. Galliano passe de l'accordéon (et j'vous assure qu'on est loin d'Yvette Horner le samedi après midi à la télé), au bandonéon, avec le groupe ou seul en scène. On apprécie des morceaux qui ne font pas 15 plombes (Cf la veille), plutôt mélodieux, bien arrangé, et soutenu par des musiciens de qualité. Tout se passe bien, en douceur. Le concert se termine par un hommage à Nougaro (ça change de Ray Charles), et le groupe, ovationné, est rappelé encore une fois. Pris de court, les techniciens ont déjà coupé la sono, le groupe s'en rend compte et termine au bord de la scène, " unplugged ". C'est encore meilleur. Ovation à nouveau, bravo Galliano.

McCoy Tyner Trio

20 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Attention là on sort du gros calibre, genre papy du jazz qui a fait ses gammes au coté d'un certain John Coltrane. Ca place ses touches ! En format trio (basse/batterie), notre pianiste distille son jazz sans se poser la moindre question. La qualité est une fois de plus au rendez vous et l'orage qui s'abat sur le chapiteau ne perturbe en rien le bon déroulement de la soirée. On en profite au bar.

 

Photo David Baerst (C) http://surlaroute66.free.fr

  Little Freddie King

21 octobre 2004 - Blue Note
On avait vu pour la première fois notre homme en 2000. Sa musique reste tout aussi brut de décoffrage, c'est du blues électrique du fin fond de la Louisiane, joué sans concession. Little Freddie King est entouré d'un groupe solide, attentionné (le même qu'il y a 4 ans), soutenant sa guitare parfois hésitante ou limitée (vous avez dit Freddie King ?).
L'occasion nous est donnée de rencontrer ce bluesman peu connu, élevé au Muddy Waters, à l'Elmore James et bien entendu au Freddie King, capable d'attirer plus de 120 curieux dans les caves du Blue Note nancéen !
Mécanicien à ses heures, celui-ci passe en effet son temps à réparer des moteurs ! Le type est loin de se prendre pour une star, son humilité est totale, et sa seule prétention est sans doute de vouloir partager sa passion. Le genre de personne avec qui l'on adhère forcément.

 
 
    Little Freddie King (Par Peiff)

21 octobre 2004 - Blue Note
Le
Blue Note, sans ou sous l'égide de NJP part sous son propre nom et ca en vaut la peine. La note bleue peut attirer du monde ! D'ailleurs le public, dense, l'était un peu trop. Mais bon, s'agissant d'un des derniers Bluesman à encore distiller à son âge une musique traditionnelle en voie de disparition, l'affiche valait le déplacement.
Au démarrage du show l'excès de reverb dans la sonorisation de la voix est vite corrigé et on est tout de suite dans l'ambiance car il est vrai que, devant nous c'est une page d'histoire qui s'exprime. De " Little " on ne retiendra que l'association qui peut être faite avec un petit monsieur, chétif au demeurant. De " Freddy ", eh oui si on cherche bien il y a une petite ressemblance avec le héros du film culte. " King " pas de problème, ils sont maintenant quatre peut on dire. Car enfin sa musique a du corps et un caractère bien personnel, qui sent bon le blues roots électrique, sans fioritures, celui de la Louisianne et du delta du Mississippi. Enchaînant des traditionnels aux parfums Cajuns, Blues ruraux teintés d'un soupçon d'urbanisme, voire de Chicago Blues, slow Blues, une énergie alliée à une présence scénique où les clins d'oeils de sa gestuelle de rocker pourraient en remontrer à plus d'un. Déjà vu lors d'une soirée il y a une bonne douzaine d'années, son spectacle ne présentait pas à l'époque le même feeling ni le même caractère, ceci étant certainement du au fait qu'il ne s'était pas produit comme ce soir là avec son propre groupe, de bons musiciens apportant une homogénéité musicale supplémentaire à la maestria de l'ensemble. Une expérience comme il a du en faire quelques unes dans sa longue carrière que je méconnais, mais dont je sais pertinemment qu'elle forge des personnalités, musicales y compris, encore un peu plus renforcées par un visage buriné, laissant entrevoir en filigrane une vie qui, à l'instar de celle de ses ancêtres ou même de ses contemporains, n'a pas du être rose tous les jours. Du coup, outre notre plaisir personnel à son écoute, on est encore plus heureux de constater, que visiblement, Little Freddy King jouit d'une reconnaissance qui, même si elle semble un peu tardive est complètement méritée.

 
 
    Jesus Volt and DJ Cook

22 octobre 2004 - L'Austrasique
Jesus Volt est un groupe français qui a su trouver une sauce très efficace pour accompagner son blues rock pas vraiment tendre, genre AC/DC version 666 ! Leur album " Electric Button Funky Co " a déjà trouvé amateur dans notre équipe, restait à voir cette tournée au titre ambitieux et pas vraiment rassurant : " blues damnation meets electronic redemption ".
Alors on vous rassure, pas besoin d'emmener de l'ail, un crucifix ou un pieux au cas ou. Jesus Volt est le groupe qui fait le lien entre Son House, Sonny Boy Williamson (jusque là ça va) et les platines et samples de DJ ! Le projet est plus à rapprocher d'un groupe comme Little Axe que d'un Blues Band standard. Les mots platines, DJ, samples étant lâchés, les puristes sautent déjà au plafond, criant au scandale, comment ose-t-on reprendre John The Revelator avec une tonne de sons synthétiques et une grosse guitare électrique ? Et ben pourquoi pas ? Ca sonne, c'est intéressant, parfois surprenant alors… le reste n'est que question de goût. Franchement, Jesus Volt est un groupe original qui sort des sentiers battus, n'hésitant pas à enchaîner reprise d'un classique jesusvolté avec des titres à la limite du hard rock sur-jesusvolté. Quant à la prestation scénique en elle même, on remarquera une belle présence du chanteur sorte de clone de Mick Jagger et d'Iggy Pop.

 
 
    Jesus Volt and DJ Cook (par Peiff)

22 octobre 2004 - L'Austrasique
Je peux bien reconnaître ca à cette édition de NJP. Elle m'a intéressé comme cela n'avait pas été le cas depuis longtemps ! De la à dire que c'était une bonne édition ne le pensez pas nécessairement car en définitive je n'en sais rien, mais c'est celle ou j'aurais volontiers vu plus de concert que je n'ai pu en voir.
Allant même jusqu'à me faire découvrir l'Austrasique pour revoir avec plaisir ces musiciens, découverts bien heureusement à Cognac en 2001. Franchement attiré par ces groupes qui allient un sens de la référence inventif, ici le blues, couplé à un rock alternatif pris au sens de multiples références, pourtant, c'est bien particulier. Comprenez ! Et DJ Cook en est une démonstration supplémentaire. Belle et subtile association que la réunion de ces 2 genres.
Subtil, c'est net car il m'a fallu plus musicien que moi pour me faire tilter l'évidence d'un mariage réussi. Doublant la batterie ou la basse, apportant des suggestions sonores sur fond de Blues-Rock ou en interface entre 2 morceaux, la platine s'est immiscée avec force et douceur dans l'ambiance musicale. Ensuite, Mister Clit Tao et " Mouth " Lenny Schon, souriez, sont incontestablement la proue du navire. Le premier a pour lui autant de personnalité que le second. Alliant à une guitare agressive mais accoustique autant de riffs que possible, il apporte la charnière mélodique sur amplis Fender + Marschall en même temps. Le chanteur ce qui fait qu'un vocaliste utilise sa voie comme un instrument, avec la présence. Voilà vous avez devant vous le prix de la culture, de la haute qualité à prix réduit et vous pouvez aller faire la fête avec eux après le concert, vous êtes invités, simples et disponibles à la fois. La convivialité que l'on peut conférer au Blues ! ? Leur musique parle pour eux ! Sonny Boy Williamson 1er aurait certainement apprécié écouter sa musique se perpétuer ainsi . L'intemporalité du blues ? comme a voulu, je crois, le montrer Wim Wenders dans " Soul of a Man ", en montrant un satellite emporter aux confins du temps et de l'espace, une carte postale numérique de l'humanité incluant le Blues ! J'y ai apporté ma contribution au Canada en 2001.

Always drunk, never sad - Outside Records - 2000.
Electro button funky coXXX - Nocturne / hometown Blues - 2004.

 
 
   

Eric Bibb Band

23 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Eric Bibb ne nous avait guère enthousiasmé cet été à Cognac, et ben il a remis ça. Tout d'abord en solo, puis accompagné d'un groupe (basse, guitare, batterie), Eric Bibb nous a refait le coup du folk-blues gentil ! D'accord c'est beau et cela peut donc se suffire en soi, d'ailleurs personne n'y trouve rien à redire dans l'assistance, car il n'y a rien à dire. Et c'est sans doute là qu'est le problème. Pour être plus positif, disons qu'on passe un bon moment, surtout depuis le bar. Eric Bibb reste cependant très abordable, il est venu faire un séance de dédicaces à l'issue de son concert, puis s'est plié au jeu des interviews sans rechigner. En fait Eric Bibb est un gars sympa qui fait de la musique sympa. Point.

 
 

 

 
  Janice Harrington and Kenn Lending Blues Band

23 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Personne ne doit s'en souvenir mais Janice Harrington était venue en Lorraine il y'a quelques années en compagnie d'un groupe de Gospel à l'occasion de ce même NJP. Cette fois ci, elle se présentait en compagnie de Kenn Lending, bluesman danois. Il est clair que le groupe est loin de casser la baraque. Ce n'est pas non plus la n-ième merveille du monde, mais il assume son rôle. C'est un blues propre, policé, qui ne peut pas déplaire car passe partout, auquel il manque de l'originalité et de l'audace. On ne peut pas renier prendre un certain plaisir à l'écoute du concert, rien que par le fait de quelques reprises bien menées (Let the Good Times Roll par exemple).

 
 

 

 
   

Popa Chubby

23 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
Popa Chubby est le genre de gars qui résisterait à un Boeing 747 ! New Yorkais, Américain et fier de l'être, ancien punk, amateur de burger à coup sûr : vous l'aurez compris, ce type semble indestructible ! Même une guitare paraît ridiculement petite dans ses mains. Et ben sa musique, c'est la même chose. Ca vous colle au corps et au mur, on ne ressort pas indemne de cette avalanche sonore, ça c'est sûr, gare au KO par Chubby !
Popa nous a déjà habitué à quelques frasques bien à lui lors de précédents concerts, et pourtant ce soir, rien à dire. Bon si d'accord, il a planté un lapin à notre confrère de Radio Choucroute (émission " Sur la route 66 ", radio RDL à Colmar), David Baerst, pour son interview, mais cela n'est rien (c'est toujours mieux que de se prendre une droite de Popa).

   

A la question ç'en est ou ç'en est pas (qui semble être le cheval de bataille de tout bon puriste de blues), une chose est sure, si ç'en est, y'a du rock, de l'énergie et des décibels dedans ! De quoi refroidir tout bon intégriste ! Et pourtant la majorité du public était bien là pour lui ! C'est aussi grâce à lui que la soirée affichait " soldout ". Alors si à métablues on n'aime ni Popa Chubby ni sa musique (ça semble trivial mais cela peut s'argumenter), il faut lui reconnaître une certaine aura, un rôle de porte étendard du blues new yorkais, un agitateur de la scène de cette même grosse pomme, et donc peut être un moyen de découvrir par ses activités un blues plus " conventionnel ". Et lors de cette soirée Popa Chubby a répondu présent au plus grand plaisir de son public. C'est l'essentiel.

 
    Eric Bibb Band, Kenn Lending Blues Band et Janice Harrington, Popa Chubby (par Peiff)

23 octobre 2004 - Chapiteau de la pépinière
On s'attendait de la part d'Eric Bibb, après l'avoir entendu à Cognac cette même année, à une prestation, comment dire ? convenue ! Ce ne fut pourtant pas le cas, comme quoi il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs comme on dit… Car effectivement ce fut une bonne surprise. Après quelques mois de tournée en Europe, le spectacle avait indéniablement gagné en dynamisme, peut-être sous l'effet de l'adjonction d'un " band " plus proche d'Eric Bibb et impliquant certainement une autre démarche artistique. La configuration, tout en restant très soft, guitare acoustique toujours en premier plan, était nettement plus péchue. Et du coup le spectacle s'en est trouvé considérablement amélioré, entendez par la moins monotone. La recette marche ainsi. Les ballades vous font taper du pied et de temps à autre le tempo s'envole sur un fond plus électrique mais toujours dans cette ambiance ouatée de folk blues légèrement teintée pop rock propre à Eric Bibb.

Si on s'attendait à une bonne surprise dans cette soirée Blues, elle concernait Kenn Lending et Janice Harrington. Illustres inconnus à mes yeux et mes oreilles, ca n'est pas faute d'avoir essayé de me procurer préalablement l'une des œuvres du premier. Désolé Miss mais j'ai une attirance première pour les guitaristes. Cela m'a toutefois permis de constater que le bonhomme avait collaboré sur deux albums avec Champion Jack Dupree, très bonne référence en soi. En effet donc, nous ne fûmes pas déçus. Oublions ses origines de la froide Europe du Nord pour se laisser bercer par le bon vieux son du Chicago Blues, feeling à l'appui, ca réchauffe mais en est il besoin ? Le gaillard, plus tout jeune, a été à bonne école et ca se sent dans les morceaux qui précèdent l'arrivée de la Lady. C'est de bon aloi et le groupe est complètement dans la mouvance. Enfin elle arrive et je dois dire que le plaisir, sans être diminué, n'est pas dépassé par les évènements. Madame Harrington chante très bien, est dotée d'un charisme indéniable mais me bouleverse à peine. Je dirais même que j'aurais presque autant préféré rester dans la tonalité du début du show car on passe alors sur un registre plus Rhythm'n Blues voir Soul. Néanmoins on se balance, on éructe, ca le fait.

Troisième et dernière, on attend le gros morceau de la soirée. Facile et pas très bienséant… Pour ma part il s'agissait plutôt des deux premiers groupes mais le public Nancéen, fin connaisseur, piaffe d'impatience comme jamais dans cette soirée… Il faut dire que celui qu'on attend dispose d'un sacré curriculum vitae et ne serait-ce que s'agissant du New York City Blues Revue, qui sous la coupe de Poppa Chubby contribue au blues revival et à la connaissance de cette fourmilière artistique que constitue Big Apple, il mérite le respect. On attend au bar. Quand soudain un morceau de musique disco tout droit sorti d'un série Américaine des années soixante-dix retenti et instille une impatience supplémentaire. Il faut que j'aille voir pour ne pas rater l'entrée en scène qui paraît originale. Eh ben c'est raté, oserais je dire que ca fait un bide ? en tout cas l'effet escompté, si tant est qu'il eut été prévu, passe à l'as. Pas grave si l'enchaînement est tombé à l'eau, il suffit de voir apparaître " big man " en débardeur avec sa " strat " pour balayer tout ca d'un coup avec quelques accords de guitare. C'est là que ca dérange certains, pas moi, mais c'est plutôt un répertoire accès sur du rock tendance son saturé à mort avec flopées de notes à la minute, virtuose en est il, que j'ai, allez, le plaisir d'entendre. Mais le Blues il est ou la dedans ? Cherchez aux niveaux des racines en définitive. Mais qu'est ce que le public néophyte retiendra de cette soirée Blues ? Je ne préfère pas deviner. Ca ne doit pas nous enlever le sentiment d'avoir passé une bonne soirée grâce à NJP.

 
 
    Pour conclure…

NJP 2004 confirmation d'un succès grandissant du succès ? 2003 avait déjà battu un record en terme de fréquentation, 2004 s'annonce encore meilleur. 34000 personnes drainées sur le festival, alors qu'on était à un peu plus de 30000 l'an dernier, cette édition bat aussi le record de fréquentation sous le chapiteau avec 19000 personnes en 10 jours. Bref, ça se résume peut être à une série de chiffres, mais ceux ci traduisent une réussite affichée. Toutes les soirées " chapiteau " affichaient quasiment " complet ", il y aurait eu une ou deux soirée avec un peu moins d'affluence. Les salles " périphériques " auraient elles aussi bien marché, quoique nous étions à peine 40 à l'Austrasique pour le concert de Jesus Volt (staff inclus !). Bref une santé en fréquentation qui doit se traduire par une santé économique et donc (pourquoi pas) de beaux projets pour les années à venir ? Car si l'on peut se permettre quelques reproches, entendus ça et là dans les allées de la pépinière en discutant avec le festivalier moyen, ce qu'il manque à NJP est sans doute un peu de renouveau. Certes le succès est là. Mais entre 2000 et 2004, combien d'artistes sont venus 2 voire 3 fois à Nancy ? Ces vedettes servent en effet de " têtes de gondole " au festival permettant d'inviter d'autres artistes moins populaires, mais quand même, c'est un peu léger. OK on arrête là la critique car on l'a dit, on a passé un excellent festival, mais ces quelques remarques pourraient servir à des réflexions pour l'avenir. Le festival de Cognac qui vient tout juste de s'équilibrer, ne se pose-t'il pas la question de l'avenir pour se diversifier un peu plus et gagner un nouveau public ?
Allez, on se retrouve en 2005 du 8 au 22 octobre.

 
 
    L'équipe du cinéma Caméo nous a aussi donné l'occasion de se faire, comme tous les ans, une soirée cinéma/concert avec les films Motown et Red White and Blues. L'intermède étant assuré par DJ Dogba (sans commentaire autre).  
 
    Motown de Paul Justman
Titre original : Standing in the Shadows of Motown

Ce documentaire est sorti dans les salles françaises en 2003. Autant être clair, ce film a permis de nous faire découvrir une scène que l'on connaissait peu, et de tordre ainsi le coup à plus d'un préjugé sur ce label. En effet pour moi Motown c'était Lionel Richie, les Jackson Five ou Mickael Jackson à ses débuts. Exit toute cette période de 1959 à 1971, ou le label, sous l'impulsion de son créateur Berry Gordy, et d'un groupe de studio aux capacités de composition, d'arrangements rarement égalées, les Funk Brothers, a agité la scène rhythm and blues et soul avec des artistes comme Smokey Robinson, Diana Ross and the Supremes, Stevie Wonder ou Marvin Gaye, tous soutenus par ces Funk Brothers.

Ce film est en fait prétexte à nous faire découvrir ce véritable groupe d'exception, à l'origine d'innombrables tubes : on dit que les Funk Brothers auraient joué sur plus de numéros un que les Beatles, les Beach Boys, les Rolling Stones ou Elvis Presley sans que personne ne connaisse le moindre nom d'un de ses membres ! Le studio motown est par ailleurs très rapidement rebaptisé Hitsville ! Ca veut tout dire !

 
  A la façon de Wim Wenders qui nous avait replongé dans le passé d'anciennes vedettes de musique cubaine dans Buena Vista Social Club, Paul Justman nous fait revivre l'histoire des débuts de Motown jusqu'à son déménagement à Los Angeles en 1971, au travers des Funk Brothers, à qui il rend la reconnaissance qu'ils méritent. Ces personnes maintenant un peu moins jeunes qu'en 1959 à la création du label, replongent dans leurs souvenirs, nous gratifient de quelques anecdotes sur ce qui a pu se passer dans cette maison de deux étages qui servaient de studio d'enregistrement. Le ton est plus du type " souvenirs d 'anciens combattants, tu te rappelles ce qu'on leur a mis… ", que d'une pure réalité historique, mais qu'importe, on perçoit dans le discours de ces personnes un réel plaisir dans ce qu'ils ont accompli, de l'émotion, une certaine nostalgie. Alors on apprend que untel était alcoolique notoire, machin écumait tous les clubs de Détroit etc…  
   

L'occasion est aussi donnée de retrouver Ike Turner (pas forcement très tendre) ou Stevie Wonder. Et quand il s'agit de se remettre à jouer, tout revient aussitôt, rien n'est perdu !

Evidemment, histoire de faire jeune, le réalisateur n'a pu s'empêcher de faire le coup de l'invité surprise. Si certains trouvent une place plus ou moins légitime (Bootsy Colins), on retrouve un Ben Harper chargé de massacrer I Heard It Through The Grapevine, LE tube du label et de Marvin Gaye de l'année 1968.

Ce film est fort intéressant et mérite d'y prêter attention. Il est également disponible en DVD.

 
   

Red, White and Blues de Mike Figgis (par Edouard, dans le cadre de la série The Blues)
Titre original : Red, White and Blues

Que dire sur ce nouveau volet de la série "The Blues" proposée par Martin Scorsese ? Ben tout simplement que c'est bien et qu'on prend du plaisir à le regarder. C'est un bon début, non ?

D'abord le sujet change un peu... On s'éloigne du blues rural d'avant guerre qui dominait largement les opus précédents pour s'orienter vers des artistes beaucoup plus contemporains. Ouf, on respire un peu; le grand public sera certainement plus sensible au parcours d'Eric Clapton plutôt que d'évoquer pour une cinquième fois Son House (avec tout le respect et l'admiration que l'on peut lui porter). Nous aussi.

Artistes plus contemporains et anglais! Il s'agit tout de même de le rappeler ! Puisque l'anglais Mike Figgis nous propose de découvrir le cheminement des musiciens anglais qui, partis du jazz et du skiffle, sont arrivés au milieu des années 60 avec ce qu'il est convenu d'appeler le British Blues Boom. On découvre ainsi l'origine de ce mouvement avec ses grands mentors que furent Alexis Korner ou John Mayall, la myriade de groupes qui passèrent pour une bonne part ensuite à la postérité (Yarbirds, Animals, Cream, Stones, Them...), les musiciens qui animèrent cette scène pendant une petite dizaine d'années (Jeff Beck, Steve Winwood, Lonnie Donnegan, Peter Green). Au travers de courtes interviews croisés, chacun exprime son point de vue sur les origines et l'évolution de ce mouvement : qui jouait avec qui, à quel endroit, le pourquoi du comment il s'est barré pour aller joué avec machin, etc... On assisterait presque à certains moments à quelques règlements de compte... Autre aspect du film, Mike Figgis a réuni quelques Bluesmen anglais dans les studios mythiques d'Abbey Road pour taper le bœuf sur quelques standards. Jon Cleary au piano, Jeff Beck à la guitare, Van Morrison au chant (qui postillonne grave, ouvrez vos parapluies) et quelques autres. On notera au passage la présence incongrue et inexpliquée de Tom "Sex Bomb" Jones qui devait passer par là? Ben non, il y était aussi au début! Depuis y mange des petites culottes pour avoir la voix d'Howlin Wolf! Chacun sa technique, ça lui réussit plutôt bien car il se révèle être un chanteur inspiré. Caméra unique sur l'épaule, Mike Figgis filme serré et en gros plan les musiciens : on a l'impression d'y être un peu plus.

Au final, on a l'obligatoire et mérité passage sur "Merci, parce que sans vous autres, je ne crois pas que je serais là aujourd'hui, en train de vous parler" servi sur un plateau d'argent par BB King himself. Tout ceci pour démontrer l'influence indéniable du British Blues Boom dans la reconnaissance majeure et populaire d'immenses artistes tombés en désuétude dans leur propre pays. Muddy Waters et les Stones ensemble sur scène et à l'écran.

Depuis cette époque, les groupes et les musiciens ont continué leur bout de chemin en restant soit fidèle à leur attachement au Blues (Van Morrison), soit en s'éloignant franchement (Fleetwood Mac), en inventant un nouveau genre musical (Cream et son Hard Rock), en étant des touches à tout géniaux ou navrants (Jeff Beck suivant ses disques) ou en devenant tout simplement le plus grand groupe de Rock'N'Roll de tous les temps (qui c'est?)!

C'était bien, oui vraiment bien, même si, je viens de le réaliser, putain, y'a pas une seule interview du Mick!

 
 
    On en rigole…
Ca se passait le 16 octobre aux alentours de minuit au Magic Mirror : Erika Stucky + Christy Doran + Fredy Studer + Kim Clarke play Hendrix ! Et revoilà la traditionnelle soirée hommage à Jimi Hendrix… (Cf les autres années).